Attention : couverture un peu osée mais dont l’audace (?) est noyée par la couleur. Le texte de présentation en quatrième de couverture situe ce roman entre Les Valseuses et Le dernier Tango à Paris et cela a – à mon avis – pour effet de le dater. Et effectivement la lecture nous renvoie en un temps où parler de sexe, utiliser des mots grossiers – en fait, comme l’on dit : appeler un chat un chat – relevait de la provocation. Je rappelle qu’Amsterdam fut dans les années 60 (1964 pour être précis) le théâtre des actions particulières d’un groupe dit « Provo » assez ‘révolutionnaire’. Et on imagine l’effet dévastateur du roman de Wolkers dans un pays protestant. Ainsi se posent deux questions : ce livre est-il encore lisible aujourd’hui ? (je veux dire : est-ce qu’il n’est pas dépassé ?) et est-il utile ? Pour ma part je répondrai Oui ! à ces deux questions.
Lisible ? Oui ! Parce qu’il est devenu ‘réaliste’ et qu’il révèle une authentique histoire d’amour entre celui qui raconte et Olga qu’il aime. Un amour passion, un amour créatif que la crudité-nudité des mots renforce. Utile ? Oui ! Parce qu’à mon avis en banalisant la provocation il lui retire tout son aspect cache-misère… Je veux dire qu’en renvoyant cette provocation à un simple jeu elle ne montre plus que l’intensité, la fougue, la force de la sensualité-sexualité des personnages. Elle en devient rabelaisienne, elle parle de liberté et de bête à deux dos comme Georges Bataille. Lisible ? Oui ! Parce qu’Olga la femme aimée est prisonnière des contraintes que sa « famille » lui impose et que la truculence de l’amour libère… Utile ? Oui ! Parce qu’il distingue sans honte et fausses pudeurs les sentiments du plaisir et dans le même temps les unit…
Peut-être que contrairement à ce que l’on pourrait croire c’est un roman pour adolescents, un roman à lire en complément du Grand Meaulnes ou de certains produits télés sur internet…
Bonne lecture.
Les délices de Turquie
Auteur : Jan Wolkers
Editeur : Belfond
Collection : Vintage
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