Une superbe illustration de couverture qui dit peu le contenu mais traduit bien, je pense, ce que l’on peut en ressentir. Je dois à James Ollivier la découverte de Cendrars… Un soir au Club des Poètes – très vieille émission radiophonique – il avait dit La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, vingt-cinq minutes de poésie dense… Et plus tard la lecture de L’Or m’avait emporté. Avec les deux courts textes présentés ici, j’ai retrouvé Cendrars. Et je voudrais attirer votre attention sur deux points. Le premier est qu’il s’agit de textes parlant de la guerre… La présentation de Christine Le Quellec vous précise laquelle – celle au cours de laquelle Cendrars perd la main droite – mais, la lecture achevée et gommées quelques précisions, on peut penser que c’est de toutes les guerres qu’il est question. Le second fait que la qualité de l’écriture de Cendrars interdit tout « mélo » larmoyant en cours de lecture. On subit ce qu’il décrit et en même temps notre esprit critique condamne – la guerre – et prend conscience… Cendrars écrit au scalpel… Il donne une leçon d’anatomie de la guerre avec ces deux textes… et vous remarquerez qu’il est directement concerné mais que son Je s’efface. Comme si la douleur générale anesthésiait la douleur individuelle. Il me semble que nous avons là un de ces livres dignes d’être étudiés autant pour ce qu’ils racontent que pour leur façon de raconter. Il y a dans les deux récits de la fin de J’ai saigné (le petit berger des Landes et le canonnier) ce que j’appellerai un ‘suspense critique’. Cendrars nous entraîne dans les deux histoires, nous noie et, même si nous en imaginons les fins, nous lisons avec avidité et surtout pour la première en nous disant que cette fin est impossible… De l’art de dire les horreurs de la guerre surtout quand on a lu avec surprise le début de celle du petit berger. A mon sens, des images littéraires beaucoup plus parlantes que celles rapportées par les agences de télévision ou celles construites par le cinéma… et auxquelles nous sommes plus ou moins habitués.

Bonne lecture d’une traite…

J’ai tué, suivi de J’ai saigné
Auteur : Blaise Cendrars
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

J'ai tué, suivi de J'ai saigné
5.0Note Finale

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