On notera un Modigliani bien venu en illustration de couverture et la mention de préface inédite. Elle est du traducteur et je vous invite vivement à la lire car elle explique le fait qu’il s’agit d’une édition bilingue. Et je vais me faire un petit plaisir – si vous le permettez – en nous traitant tous de ‘menteurs’. Il a bien dû vous arriver de répondre : ‘A rien !’ à la question indiscrète : ‘A quoi penses-tu ?’… C’est un mensonge ! Nous pensons en permanence. Notre réponse devrait donc être : ‘Je ne sais pas !’. Mais il est difficile d’admettre que l’on ne connait pas le sujet de notre pensée… Peut-être aussi ne sait-on pas que l’on pense en permanence… Et pourtant on devrait depuis au moins ce cher Descartes, non ?

Vous trouverez dans ce petit livre deux choses fort intéressantes. D’abord la version originale en anglais émaillée de citations et la version française (j’invite les anglophones à lire d’abord la version anglaise) émaillée de nuances. Puis effectivement dix raisons possibles à la tristesse de notre/nos pensées, à la tristesse de penser (voir l’illustration de couverture et l’œuvre de Rodin). On notera le ‘possibles’ qui en sous-entend d’autres et nous laisse libres d’en ‘imaginer/penser’ d’autres… Je me suis, pour ma part, senti très concerné par la septième raison explicitée ici. Elle concerne notre rapport au monde. Je résume schématiquement : ou le monde est là et nous le regardons comme objectif ou nous inventons la réalité selon nos besoins. Les amateurs de science-fiction penseront à Philip K. Dick et les autres se souviendront peut-être d’un certain Macedonio Fernandez qui écrivait que le monde n’existait que depuis qu’il en était conscient… (Papiers de Nouveauvenu et continuation du Rien, éditions José Corti). Et pour terminer ma chronique en vous laissant le soin de conclure à votre idée, je vous propose une citation : « Aucun point d’Archimède ni aucune tabula rasa n’a jamais été situé de façon convaincante. L’identité du ‘roseau pensant’, l’ubiquité obscurcissante des processus de pensée sert d’écran. »

Conseil de bonne lecture : méditez chaque raison…

Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée
Auteur : George Steiner
Editeur : Albin Michel
Collection : Espaces Libres

www.albin-michel.fr

Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée
5.0Note Finale

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