Car les temps changent

Car les temps changent

Si vous n’aimez pas Philip K. Dick ne vous laissez pas abuser par la quatrième de couverture qui place très/trop facilement ce roman dans la « plus pure veine » de l’auteur de « En attendant l’année dernière ». Car Dominique Douay, qui marque ici son retour après un silence de près de trente ans, est un auteur subtil qui ne se laisse pas enfermer dans l’univers de ses petits camarades. Ce n’est pas pour rien qu’il a obtenu deux fois le Grand Prix de la Science-Fiction Française (1975- 1989).

Il est vrai que le rédacteur de la note de présentation en quatrième de couverture a pu se croire dans un Dick s’il n’a considéré que le principe du roman qui veut que chaque 31 décembre à minuit on doit se trouver à l’endroit où l’on était le 31 décembre dernier pour subir le changement et oublier ce que l’on était, a fait durant l’année écoulée. Mais le Paris de 1963 du roman n’est pas celui de notre réalité, il participe d’une structure en spirale séparée du sol presque abstraite dans la mesure où seuls les éléments dont auteur et personnages ont besoin apparaissent. Et pourtant des bribes de notre réalité surnagent : le Général de Gaulle, un n° de téléphone mis en chanson par le regretté Franck Alamo (Maillot 36-37), les Beatles et Paulo mon poteau comme nom des patrons de bistrot, de petits troquets du coin. Il est vrai aussi que le personnage principal Léo le lion explore sa réalité comme un héros de Dick. Mais je crois que la question qu’il se pose c’est « Qui suis-je ? » voire « Que suis-je ? » et non « Où suis-je ? » Et il obtient deux réponses. Une sous forme de question que je vous livre et l’autre en fin de volume que je vous laisse découvrir. C’est une femme qui lui donne la première : « Mais je cherche, je m’interroge, j’observe. En fin de compte, qui sommes-nous Léo ? Des ombres, de vagues silhouettes dans des décors truqués – même pas : des ébauches de silhouettes. La netteté on la doit au Changement – ou peut-être le Changement nous donne-t-il un semblant de netteté. Il nous assigne un nom, une place dans la société, des souvenirs… ».

Et je vous rappelle que le roman s’ouvre ou presque sur une citation de la fin du dernier couplet de la chanson de Bob Dylan « The time they are a changin' ».

Bonne lecture.

Car les temps changent
Auteur : Dominique Douay
Editeur : Les moutons électriques

www.moutons-electriques.fr

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