Une couverture d’une rare sobriété et, pour ma part, d’un attrait très limité… et je me permettrai de regretter que cela puisse anonymiser ce roman qui mérite un prix littéraire. Un roman à récompenser avec un peu d’audace et d’une autre trempe anticipatrice que beaucoup d’autres. Et ce pour deux raisons. La première tient à mon avis au style recherché et pourtant d’une grande lisibilité. Avec des tournures de phrases qui peuvent surprendre mais qui ont le don de mettre en évidence ce que l’auteur veut que nous comprenions… Et j’ajoute que la richesse, la densité des personnages sont de ce fait admirablement soutenues. La deuxième tient au fait que ce roman traite d’une actualité qui rattrape sa fiction. Entre bascule et effondrement accentué par la pandémie comment se débattent les personnes qui croient, pensent, avoir un peu de pouvoir… Et le lecteur se délectera puisque cela lui est encore possible de constater que les « chefs », les « responsables » ne sont pas toujours mieux lotis qu’eux-mêmes. Le « héros » de l’histoire disparaît dans une crevasse du massif des Écrins et se souvient… Il était cadre au service de l’État…

Peut-être que, bien calé dans votre fauteuil de lecture, vous percevrez parfois un peu d’ironie mordante dans ce qui est écrit là, mais peut-être aussi serez-vous frappé par le réalisme (un peu outré) de ce qui est dit. Ce livre a éveillé en moi le souvenir d’un vieux roman de René Barjavel, Le diable l’emporte. Conseil de lecture : lisez attentivement les sources des citations en fin de volume et méditez lesdites citations avant de lire ce qui les suit. Je me permets de vous en offrir deux : « Ce qui est dur et fort est serviteur de la mort ; ce qui est doux et faible est serviteur de la vie ». Lao Tseu, Tao Te King. Et « Dans l’univers d’un élevage de dindes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (…) jusqu’à la veille de Noël ! S’il y avait une dinde statisticienne spécialiste de la gestion des risques, le 23 décembre, elle dirait à ses congénères qu’il n’y a aucun souci à se faire pour l’avenir. » Pablo Servigne, Comment tout peut s’effondrer.

Bonne lecture.

Basculer
Auteur : Florian Forestier
Editeur : Belfond

www.belfond.fr

Basculer
5.0Note Finale

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