injustice t.1 - extrait

injustice t.1 – extrait

La coutume veut que les adaptations d’un produit culturel sur un autre média soient souvent des exemples de médiocrité. Les exceptions existent mais, en général, qu’on parle de film adapté de jeu vidéo, de jeu vidéo adapté de film, ou de bande-dessinée adaptée de jeu vidéo, on n’a souvent droit qu’à des œuvres sans inspiration servant uniquement des intérêts commerciaux et tablant sur la popularité de l’œuvre-mère pour trouver son public.

Mais les exceptions existent, et Injustice en est une. Adapté du jeu de combat basé sur l’univers de DC Comics et monté par les créateurs de Mortal Kombat, Injustice plaçait sa trame dans un monde parallèle – un « elseworld » comme ils disent outre-antlantique – dans lequel Superman, après que le Joker l’eut poussé à tuer Lois Lane dans un accès de folie, pète un câble et devient le dictateur d’une Terre qu’il espère débarrasser de toute forme de criminalité. Bien vite, une coalition de résistants se forme, on verra ainsi d’un côté une partie des héros et vilains rejoindre le régime de Superman, et l’autre partie s’y opposer. Cet équilibre devient déstabilisé quand soudain des personnages issus de la vraie Terre véritable et réalisent ce que Superman est devenu…

Plutôt que de reparcourir bêtement l’intrigue du jeu, le comics Injustice choisit de raconter comment on a pu en arriver à un pareil état des lieux. Le premier chapitre montre ainsi la scène de la mort de Lois, seulement évoquée oralement dans le jeu vidéo. Ce parti-pris a l’avantage d’offrir un intérêt à l’histoire même à ceux qui se seraient déjà penchés sur le jeu. Mais la grande qualité de ce comics est sa galerie fournie de personnages d’une écriture toujours réussie : Batman, Superman, Wonder Woman, Green Lantern, Flash, Green Arrow, le Joker, Harley Quinn, Nightwing, Damian Wayne, etc. Le jeune Tom Taylor, qui signe ici des débuts fracassants dans l’industrie des comics mainstream, fait preuve d’un sens aigu de la caractérisation ; il parvient à merveille à cerner les personnages opposés que sont Batman et Superman, sans jamais les réduire, l’un au rôle de grognon dépressif, et l’autre au patriote naïf. La direction prise par Superman à Lois Lane apporte par ailleurs une tension très efficace entre les acteurs, selon qu’ils cautionnent ou non les actions de Superman. Le meilleur regard sur l’ambiguïté morale du rôle de Superman est probablement fourni par le personnage de Flash à l’occasion de scènes très touchantes rappelant l’importance du symbole inspirant qui traverse le rôle des super-héros.

Aux dessins la variété profuse des artistes, qui vont parfois jusqu’à se passer le pinceau au milieu d’un même chapitre, empêche hélas de fixer un verdict univoque, mais autant certains dessinateurs comme Mike S. Miller ont tendance à attribuer des traits mécaniques plutôt étranges aux visages de ses personnages, autant d’autres comme Bruno Redondo les compensent avec des planches d’une tendresse qui flatte le regard. Du bon et du moins bon au niveau graphique en conséquence, mais rien qui n’empêche l’appréciation d’un scénario à l’efficacité indéniable.

À noter que cette première édition comporte avec elle une version PC du jeu, l’occasion de se frotter par la même occasion au jeu de combat exemplaire qui a inspiré le comics, qui profite d’ailleurs d’une campagne parmi les moins ennuyeuses de l’histoire des jeux de combat !

Injustice Tome 1
Année 1 – 1ère Partie
Série en cours
Dessinateurs : Jheremy Raapack – Mike S. Miller – Bruno Redondo – Axel Gimenez – David Yardin – Tom Derenick – Diana Egea
Scénariste: Tom Taylor
Éditeur : Urban Comics
Collection : Urban Games

 http://www.urban-comics.com/injustice-tome-1-jeu-pc-goty/

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.