
Encore un livre de poésie ! Pourquoi non ? C’est barbant ! Avez-vous vraiment essayé ? On n’y comprend rien ! Pourquoi chercher à comprendre ? Laissez-vous porter, glissez-vous dans le poème comme vous entrez dans votre bain. Doucement, pour sentir la caresse des mots, pour entendre leur clapotis. Ils ne vous feront pas de mal et vous céderont même un peu de leur force.
D’abord c’est un recueil trilingue : allemand, russe et français. Chacun lira selon sa langue maternelle, mais je me suis surpris à chercher chez les deux autres les mots qui pourraient être les équivalents des mots français qui me touchaient. Comme pour m’assurer d’une communion. Ensuite j’ai très vite compris de quoi ‘parlait’ l’autrice. Et là vous pouvez mesurer l’importance de la poésie qui permet de ‘parler’ de choses intimes sans les outrances de la pudeur ou de la révolte, de les dire sans honte, sans les distances qu’imposent les termes précis. Il est question de naissance et du rapport mère-enfant et bien qu’étant un homme je sais que ce qui est écrit là est juste, à la mesure de celle qui ‘parle’ comme à celle de beaucoup d’autres femmes, c’est la force de la poésie d’inventer des chœurs aux voix éparpillées. Veuillez me pardonner l’exemple mais quand vous lirez le mot « placenta » dans ce poème peut-être éprouverez-vous le froid que peut provoquer son expulsion chez la parturiente.
Je ne saurai trop recommander de faire lire ce recueil aux jeunes filles quand elles peuvent prendre conscience que leur mère les a ‘portées’.
Bonne lecture lente.
Le corps cille
Auteure : Marina Skalova
Editeur : Héros-Limite
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