On peut lire en quatrième de couverture : « Nouvelle traduction intégrale* d’un classique de Jim Thompson, l’auteur culte de Pottsville, 1280 habitants et de L’assassin qui est en moi. » Les amateurs de Thompson se souviennent peut-être, eux, de 1275 âmes et de Le tueur qui est en moi… Je n’ai pas relu ces deux titres dans leur nouvelle traduction intégrale, je ne sais donc pas si « c’est mieux » ou non. Mais j’ai découvert ce Nothing man – pourquoi avoir gardé le titre anglais sans l’article ? – et je crois avoir compris pourquoi les premières traductions abrégeaient le texte… D’abord je pense pour une question de calibrage de l’impression (ne pas dépasser tant de pages), ensuite supprimer tout ce qui relevait des états d’âme pour privilégier l’action.

Là, si je supprime les états d’âme de Clinton Brown, je fais perdre au roman une grande partie de son intérêt. Brown est revenu de guerre et a droit à une ridicule pension d’invalide, il travaille comme journaliste au Pacific City Courier… et ce qu’il a vécu l’entraîne vers la solitude et l’alcoolisme… Et dans le même temps il y a les meurtres « du Tueur ricanant ». Ellen, l’épouse de Clinton, s’inquiète de la dérive de son mari et voudrait le récupérer même si pour cela elle doit dévoiler ce qui ronge le journaliste… Le lecteur attentif comprendra vite de quel secret il s’agit mais Thompson sait comment retenir son lecteur, comment ne pas dire, tout en disant pour obliger à lire. Un livre à l’image de l’illustration de couverture – vous avez remarqué que je n’en avais rien dit jusque-là ?. Un livre en noir et blanc, tout en éclairages indirects, et pourtant un livre qui supporte fort bien d’être lu aujourd’hui.

Bonne lecture.

* traduction signée Julien Guérif

Nothing man
Auteur : Jim Thompson
Editeur : Rivages
Collection : Rivages Noir

www.payot-rivages.net

Nothing man
5.0Note Finale

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