green arrow t.2 - extrait

green arrow t.2 – extrait

Grâce au succès de la série télévisée « Arrow », l’Archer Vert de DC Comics a le vent en poupe. La reprise de la série par Jeff Lemire (Trillium), après le travail affligeant de Ann Nocenti, fut ainsi accueillie avec un énorme soulagement auprès des fans d’Oliver Queen. Mais cet enthousiasme est-il mérité ?

Après avoir introduit Komodo dans le premier tome, Jeff Lemire entre ici dans le vif du sujet avec la guerre des Outsiders, suite à un bref interlude en tie-in à l’event [NdlR : l’event est une variante de crossover. A la différence qu’il est raconté dans une série principale autour de laquelle s’articulent des Tie-In] Zero Year (qu’on peut suivre dans les tomes 4 à 6 de la série Batman, dans la même collection). On apprécie l’allure des créations de Lemire, comme Magus, Kodiak ou Komodo, ainsi que son utilisation inattendue de personnages poussiéreux du DC Universe comme Richard Dragon, transformé en vilain, ou John Butcher. Rien à dire non plus du côté des dessins, un véritable sans-faute d’Andrea Sorrentino qui justifierait à lui seul l’achat de ce tome.

Hélas, c’est à l’écriture des dialogues et des personnages que le bât blesse. Il est quasiment impossible de se prendre d’affection pour ce benêt d’Oliver Queen, ramené par le reboot des New 52 au stade de gamin insupportable qui ne fait confiance à personne et frappe son père. Shado n’est pas beaucoup mieux : elle n’arrête pas de mener en bateau Oliver Queen et le lecteur en ne répondant à aucune des questions qu’elle soulève, quand bien même ça lui aurait assuré une coopération plus entière de la part de l’Archer Vert. Les vilains ne sont pas épargnés non plus, leur look très réussi systématiquement gâché par leur bêtise, comme lorsque le terrifiant Kodiak enrage parce qu’Oliver Queen le traite de troll :
« Il faut qu’on s’éloigne de ce troll… pour réfléchir. »
« Troll ?! Troll ?! C’est moi que tu traites de troll ?! »
« Je crois que tu l’as énervé. »
Difficile de dire ce qui est le plus consternant entre les bêtises que débite Oliver Queen et la susceptibilité puérile de ses adversaires.

Les dialogues croulent sous des lieux communs :
« La boucle est bouclée. Tu dois comprendre maintenant… la vérité. »
« Tu sais déjà de quoi je parle… Tu l’as toujours su. Mais tu l’as enfoui tout au fond de toi. Tu refuses d’accepter la vérité… »
Et ainsi de suite sur une bonne centaine de pages alors qu’Oliver Queen comme le lecteur ignorent totalement de quoi cette pouffe de Shado parle, et préféreraient qu’elle arrête de causer en banalités sans queue ni tête pour dire ce qu’elle sait. Rajoutez-y des incohérences bizarres : par exemple si c’est le père d’Oliver Queen qui, armé des meilleures intentions, a arrangé l’arrivée de son fils sur l’île, pourquoi a-t-il fait périr les dizaines de copains de son fils dans le désastre de la station pétrolière qui a fait d’Oliver un naufragé avant qu’il gagne l’île ? Ou pourquoi Komodo frappe-t-il sa fille lorsqu’elle évoque l’idée que son père puisse prendre les rênes de la coterie de vilains, en lui disant que ce sont des paroles dangereuses et qu’on pourrait les entendre, pour ensuite, à la page suivante, prendre effectivement les rênes de cette coterie de vilains, sans rencontrer la moindre résistance ? « Le Roi est mort, vive le Roi » d’accord, mais on pourra être surpris de la servilité de cette armée d’Outsiders qui se soumet sans discussion au type qui vient d’assassiner leur leader !

Il est vrai qu’à côté de ces faiblesses, ce deuxième tome se défend par des dessins absolument somptueux, une belle galerie de personnages (dont Diggle, introduit pour rapprocher le titre de la série télévisée Arrow), et des révélations articulées autour de scènes-clés comme le retour du père d’Oliver Queen. À voir si ça permet de fermer les yeux sur ses défauts, mais ça n’est certainement pas le meilleur qu’on pourra lire sur Green Arrow, suffit de songer à ce qu’ont accompli des auteurs comme Mike Grell, Kevin Smith ou Andy Diggle.

Green Arrow t.2
La Guerre des Oustiders
Série en cours
Dessinateurs : Andrea Sorrentino – Denys Cowan
Scénariste : Jeff Lemire
Éditeur : Urban Comics
Collection : DC Renaissance

 

www.urban-comics.com/green-arrow-tome-2/

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