Je me permettrai de trouver l’illustration de couverture troublante. Prenez la peine de déplier le rabat et vous verrez autre chose. Allez voir aussi le magnifique collage sur le rabat de la quatrième de couverture – on peut préférer la version ‘mat’ à la version ‘brillant’ de la jaquette. L’auteur est aussi collagiste… Voilà pour moi un livre intelligent qui s’offre à lire au lecteur. Intelligent pour deux raisons. La première est qu’il vous arrache à vous-même, la seconde est qu’il est mouvant, changeant, comme un puzzle non fixable. Il vous arrache à vous-même parce qu’il réveille vos détestations et/ou vos admirations… Vous lisez et des images, des noms, des sons des titres vous (re-)viennent à l’esprit. La preuve ? Dans la première partie où des extraits d’une biographie sont commentés par une universitaire et l’assistante de santé de Wohlzarénine des auteurs sont cités mais d’autres vont vous venir à l’esprit. Dans cette même partie vous trouverez des listes de mots et expressions dans un genre inventaire à la Prévert (qui était un grand collagiste) très stimulantes. Dans la deuxième partie qui donne à lire ce qui est censé être l’œuvre de Wohlzarénine vous trouverez de courts textes dont la phrase initiale est une citation d’auteur connu servant juste d’amorce à autre chose. Parmi les auteurs cités il en est un qui me semble clé, Raymond Queneau. Il apparaît aussi dans la première partie, en filigrane. Et son fameux Exercice de style. Pour ce qui est du puzzle mouvant, je ne peux que vous l’expliquer par mon exemple. Des noms me sont venus à l’esprit comme Lautréamont, Desproges, Pérec, Topor, Satie puis, après interruption de lecture et relecture, d’autres les ont supplantés comme Rimbaud, Borges, Chaval, Raymond Roussel, Claude Ponti et je suis sûr que vous en mettriez d’autres. Il m’est même arrivé de me demander si l’auteur avait glissé un auteur ou si c’était moi qui l’amenait (il est question de Les prédateurs enjolivés, une œuvre de Pierre Christin, co-créateur de Valérian).

Vous avez compris que vous êtes dans un livre qui s’apparente à la défunte collection des éditions du Seuil : Écrivains de toujours qui proposait de découvrir un auteur (par lui-même et un peu de son œuvre). Là l’exercice est d’autant plus délicat, difficile et plaisant que Wohlzarénine est une fiction qui brille des mille éclats de nos mémoires et plaisirs (de lectures, d’écoutes). A lire d’une traite, si possible. A laisser reposer puis à re-ouvrir épisodiquement…

Bonne lecture.

Wohlzarénine
Auteur : Léo Kennel
Editeur : Flatland
Collection : La tangente

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Wohlzarénine
5.0Note Finale

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