Une robe de la couleur du temps

Une robe de la couleur du temps

Malgré le bleu de la robe et son plissé, il ne s’agit pas d’une représentation de la vierge en couverture, mais d’un détail d’un table intitulé Ophelia. Et un sous-titre « Le sens spirituel des contes de fées ». L’auteure analyse 18 contes de fées – puisés chez Perrault, les frères Grimm et Andersen – et leur trouve une singularité spirituelle.

On considérera qu’il s’agit d’un bon complément à Bruno Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont) et on vous laissera découvrir. Pour ma part, je voudrais revenir sur quelques commentaires de l’auteur à propos de Cendrillon. Et d’abord cette fameuse paire de pantoufle de verre que porte Cendrillon pour aller danser au Bal donné par le prince… Je suis surpris que l’on puisse danser avec de telles chaussures (escarpin ou pantoufle) fragiles et manquant singulièrement de souplesse. Et l’auteur écrit : « Même si des commentateurs réalistes peu portés à la poésie ni à la symbolique ont tenu à lire « vair » et à en déduire que c’étaient des chaussures ornées de fourrure… » On passera volontiers sur le reproche de manquer de poésie – comme si le verre était plus poétique que la fourrure ! – ou la symbolique – comme si le verre était plus symbolique – transparence – que la fourrure – animalité, sensualité ! – pour s’inquiéter de celui de réalisme. Il me semble que le principe du conte qui est de faire rêver et en même temps de donner à penser ne réussit jamais aussi bien son effet que lorsqu’il mêle réalisme et solution magique, réalisme et astuce du héros (voir le Petit Poucet), réalisme et résistance.

Une remarque amusante en passant « Barbe Bleue » est présenté avec en exergue un extrait de « Si tu t’imagines » de Raymond Queneau.

Et je voudrais achever cette chronique par une assez longue citation qui vous dira pleinement, à mon sens, la philosophie de l’auteure à propos des contes.

« Le mystère, que la science actuelle prétend expliquer et auquel la religion demande de croire, les mythes et les contes traditionnels l’évoquent sans cesse, ils le rendent présent et puissant à nos cœurs : c’est le mystère qui enveloppe toutes choses, qui les rend désirables et lointaines à la fois ; c’est lui qui donne profondeur et légèreté aux êtres humains, qui les fait s’aventurer, s’émerveiller. On ne peut être lecteur de contes si l’on n’est pas amoureux du mystère. »

Bonne lecture.

Une robe de la couleur du temps
Auteur : Jacqueline Kelen
Editeur : Albin Michel

www.albin-michel.fr

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