Le Narrateur et son énergumène

Une couverture très graphique et assez fine qui devrait intriguer. Il s’agit du dernier livre de son auteur. Et ainsi qu’annoncé dans la préface de Pascal Antonietti, Yves Velan est décédé avant d’avoir pu achever la énième version de son roman et c’est l’avant-dernière (achevée, elle) que l’éditeur a choisi de publier. Je vous parle de la préface, mais vous savez que je ne les aime pas trop… Quand je lis une œuvre, j’aime bien me faire mon idée moi-même, ne pas lire en cherchant les allusions et références proposées par le préfacier, c’est un coup à oublier les nuances, les subtilités recherchées par l’auteur.

Imaginez un écrivain en pleine phase créatrice et cherchant sa voie au milieu des mots, évitant les écueils et qui soudain est interrompu par un énergumène qui prétend lui imposer des pistes d’écriture pour son roman. Et cela au nom du fait qu’il faut sauver l’humanité. Et le moyen, provoquer une révolution aux États-Unis en poussant les noirs à la révolte…

Sujet souligné par l’auteur le combat de la littérature (ici l’Ange) avec l’énergumène, l’autre, le politique, le démon… vous connaissez le vainqueur. Et la dernière phrase du roman nous renvoie à Jean-Paul Sartre. Et au début du roman j’ai noté un discret, mais à mon humble avis très violent, « Écrire est absurde » que l’on pourrait, vue aussi une longue référence à « La bataille d’Alger » (film de Pontecorvo), associer à Albert Camus. Ils ne sont pas les seuls à hanter ou habiter ce roman et on pourra regretter l’absence d’un index des noms cités – vous savez comment cela se passe lorsqu’on cherche un passage dans un livre…

Je vous sens perdus, vous pensez « érudition, philosophie » et vous vous dites « ce n’est pas pour moi ». Et bien vous vous trompez, cela se lit avec grand plaisir comme si cela coulait de source. Et si le préfacier parle de Diderot, pour ma part je vous renvoie à Montaigne.

Bonne lecture.

Le Narrateur et son énergumène
Auteur : Yves Velan
Editeur : Zoé