La république des enragés

La république des enragés

Voilà un livre qui mérite de s’installer dans votre bibliothèque de manière durable. Je suppose que vous classez vos lectures en trois catégories. Les livres que l’on garde parce qu’ils apportent quelque chose, ceux qui apportent mais restent oubliables et enfin les inutiles – à vos yeux. Ce Xavier Bruce – c’est son deuxième roman, le premier est chez Le Bélial’ – se situerait pour moi entre les premiers et les seconds et plus près des premiers.

Comme l’auteur le rappelle dans l’interview à la fin du livre les fictions sur Mai 68 sont rares, peut-être parce que bon nombre des acteurs de ce « mouvement » sont encore vivants… Pour ce roman, le choix de Xavier Bruce quant aux événements et aux personnages historiques rend son entreprise des plus intéressante. Si j’ai bien lu, seuls deux personnages historiques interviennent en situation : Daniel Cohn-Bendit et le Général de Gaule, mais le rappel de certains slogans fait tout autant remonter les souvenirs et donne à ceux qui n’étaient pas nés une assez bonne idée de l’esprit. Nous avons donc un roman qui se situe dans l’histoire et en joue mais un roman de SF dont les principaux personnages ont été éduqués en vue d’une utilisation particulière. Ils ont fui le centre où on les conditionnait et se retrouvent adultes à devoir utiliser leur « don » pour vivre. Ici le premier pavé lancé sur un CRS est lancé par Antoine l’organisateur de la fugue et le plus manifestement anarchiste. Jusque-là le roman est intéressant et agréable à lire – un humour certain et très second degré s’en dégage – mais il faut ajouter deux petites touches : d’une part un côté pieds nickelés (Croquignol, Filochard et Ribouldingue) et d’autre part une absence certaine de manichéisme. Cette absence est intéressante surtout chez les méchants car l’on voit bien ce qui les aveugle : l’ambition et la bêtise (un euphémisme). Enfin dernier point qui devrait convaincre les encore réticents, à l’instar de la révolution sexuelle instaurée par les étudiants de 68, les personnages « sympathiques » de ce roman ne se privent pas et débrident leur sexualité en titillant notre imaginaire.

De quoi passer un fort bon moment et ne pas mourir idiot…

La république des enragés
Auteur : Xavier Bruce
Editeur : Actu SF

www.editions-actusf.fr

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