Cette auteure n’est pas une inconnue puisqu’on lui doit : « Tony Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman » (voir en 10-18) mais cela justifie-t-il l’achat et la lecture de ce nouveau titre ? A vous de répondre en tout cas ma lecture de « La couleur de l’eau » m’incite à aller lire l’autre.
Je vais oser vous renvoyer à Zola et Dickens, ces remarquables descripteurs de la misère humaine, qui ont fait prendre conscience à leurs lecteurs du monde dans lequel ils vivaient. Pour vous rapprocher de notre époque je vous proposerai de regarder quelques films de Ken Loach et vous serez dans le même monde que celui des personnages de Kerry Hudson. Lui, c’est Dave, un enfant des cités, vigile dans un magasin de luxe à Londres. Elle, c’est Alena, jeune femme ayant cru trouver à Londres un meilleur sort que dans sa Russie natale. Il y a d’abord leur apprentissage respectif de l’autre. Leur apprivoisement, leur entente qui hélas n’effacent rien de leur parcours antérieur. On pourrait presque parler de destin, de fatalité. Et puis Alena s’en va, Dave part à sa recherche… Ils vont se retrouver et l’on saura ce qu’ils ont vécu, il n’y aura plus entre eux de secrets tueurs d’amour. Nous ne sommes plus chez Zola ou Dickens, mais le malheur, la pauvreté et ce qu’ils génèrent sont toujours là. A peine ont-ils changé de noms. L’alcoolisme, l’indifférence, la prostitution, le vol sont toujours là. Et en plus aujourd’hui ils s’exportent très facilement et être pauvre à Tokyo n’est pas bien différent que d’être pauvre à Londres ou à Paris.
L’originalité de Kerry Hudson est d’avoir évité le mélodrame, l’apitoiement. Elle a su rendre les deux personnages attachants sans les libérer de leur part de responsabilité… Elle nous laisse prendre conscience – presque avec eux – de leur non-innocence et de leur non totale culpabilité, ce qui peut nous inciter, nous aider à en assumer notre part.
Bonne lecture.
La couleur de l’eau
Auteure : Kerry Hudson
Editeur : Philippe Rey
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