Avec une illustration de couverture qui m’a rappelé la fin de certains films de Charlie Chaplin (Le cirque, notamment) et un titre qui m’a amené à consulter le site de l’Académie française. On peut y lire qu’il faut être indulgent envers ceux qui confondent Ballade des gens heureux qui se chante et Balade qui vous envoie promener. C’est mon troisième Murakami depuis le début de l’année et il m’en reste un sous le coude. Je ne me plains pas je constate. Et je peux vous dire que Murakami est un fabuleux conteur d’histoire. Je veux dire qu’il parle son histoire en l’écrivant. Attention je ne dis pas qu’il écrit comme il parle. Au contraire je pense que son récit est très écrit, qu’il retouche, corrige, allège. Ce qu’on lit coule de source, ce qu’on lit nous parle. C’est peut-être parce que le roman est à la première personne du singulier et que l’on peut être surpris lorsqu’une protagoniste appelle ce Je : Watanabe. Ou bien parce que ce Je/Watanabe semble ‘indécis’, indifférent, ‘étranger’. Comme on a pu l’être adolescent pour éviter un inutile et énième conflit ou par peur de s’engager. Un peu à contretemps. Et Je rencontre des jeunes femmes. Naoko qui semble toujours en avance sur lui et dont il gardera le souvenir. Et Midori qui l’impressionne, qu’il dit aimer et qui ne supporte pas très bien de partager avec le souvenir de Naoko…
A la fin du Cirque de Chaplin, Charlot et l’héroïne marchent main dans la main en nous tournant le dos sur une route avec entre eux une ligne blanche continue… Cela peut donner à penser que le couple ne durera pas longtemps… Chez Murakami il me semble qu’on peut avoir l’impression que le Je est le jouet de volontés distinctes de la sienne. En tant que fils uniques, ses personnages n’ont pas eu à lutter pour se constituer, ils n’ont pas eu d’opposition. Et ainsi ils nous deviennent soumis, on leur offre une protection ne serait-ce qu’en lisant ce qui leur arrive. Et quand on referme le livre on n’est plus très sûr que Chaplin soit perdant. Bonne lecture.
La ballade de l’impossible
Auteur : Haruki Murakami
Editeur : 10/18
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