Je me souviens
C’est tout simplement pour avoir vu en son temps sur mon écran de télévision l’enregistrement du spectacle donné à Avignon que je me suis penché sur le/les « Je me souviens » de Georges Perec (1936-1982).
Ce qui fait pour moi la force du spectacle c’est le « vrai-faux » détachement du comédien. Il sert de relai entre la « mémoire » de Perec et nous, mais vous remarquerez dans le ton et dans la diction des « Je me souviens » comme un écho de notre façon de parler, de nous raconter, de nous souvenir. Peut-être certains d’entre vous seront-ils plus émus par le fait que Perec a passé au filtre de sa mémoire une période qui va de 1946 à 1961. Attention, ne cherchez pas de nostalgie et ne réveillez pas la vôtre, contentez-vous d’écouter votre mémoire. Imaginez-vous en balade solitaire à bicyclette dans un paysage de montagne et déroulez le fil de votre mémoire… Il m’étonnerait que vous ne retrouviez pas un souvenir commun. Personnellement je me souviens de deux sur les trois cités dans le livret qui accompagne le DVD : « Je me souviens de Robert Mitchum quand il dit « Children… » dans le film de Charles Laughton, La nuit du Chasseur. » et la mémoire vous rappelle que le personnage porte tatoué sur la main gauche le mot LOVE et sur la droite le mot HATE et qu’il fait combattre ses mains. L’autre est plus personnel mais je ne dois pas non plus être le seul : « Je me souviens quand j’allais chercher du lait dans un bidon en fer blanc tout cabossé. » Je vous laisse découvrir les autres à l’oreille et constater que le jeu de Sami Frey et le décor ne troublent nullement le souvenir. En complément au programme : trois petits films.
En sortant de la séance peut-être vous poserez vous deux, trois questions. De quoi vous souvenez-vous vous ? Qu’a oublié Perec ? A quoi ça sert de se souvenir ?
Je me souviens
de G. Perec
mis en scène & interprété par Sami Frey
Editeur : INA
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