La voix est posée, le flow percute, les mots sonnent, justes, précis. Sim’s, c’est l’artisan qui taillent les images et les rimes, manie les sons et les mots pour tisser des histoires qui nous font écho. Des litres, le deuxième extrait de l’album le coeur des autres renvoie, avec poésie sur un beat comme on n’en fait plus, à l’heure du bilan. Gros plan sur ce rappeur d’envergure dans cette interview.

Comment l’idée des litres s’est développée ?
L’idée est venue lors d’une sortie tardive de bistrot. Je me suis rendu compte de tous les litres qui y étaient passés depuis des années. Car, finalement, la vie, c’est un peu ça ; les choses qui ressortent, celles qui sont ingurgitées.J’ai remonté la rue avec l’instru de Yvan dans les oreilles et c’est le titre, des litres, qui est venu se greffer là-dessus ; j’ai vraiment entendu le refrain dans ma tête ! Quand ça se passe comme ça, j’adore ; parce qu’une fois que j’ai le titre, la chanson s’écrit presque d’elle-même. Trouver un titre est ce qui me prend le plus de temps.

Le clip a été réalisé de quelle manière ?
J’ai donné carte blanche à Romain Guélat. C’est quelqu’un que je connais bien et il voulait qu’on bosse ensemble sur une de mes chansons. J’ai tout de suite pensé à Des litres pour le clip. J’aime bien garder à l’esprit que la musique et mon domaine mais pas les images raison pour laquelle, je lui ai fais confiance et j’ai bien fait. Il a monté quelque chose de sobre et graphique à la fois.

On trouve un visage féminin dans ce clip
C’est aussi le réalisateur qui a choisi Elisa Janketic pour son physique juvénile et dur en même temps. Je trouve intéressant de voir une jeune fille dans ce clip plutôt qu’un vieux rappeur. Moi, j’étais même partant pour ne pas apparaître dans le clip. Et j’aime l’idée que quand on écoute cette chanson, on pense à soi-même plutôt qu’à moi.

Comment est venu le rap à toi?
Je suis né en 81 et je crois que ça explique tout ! J’ai baigné dans les sons d’IAM, Akhénaton, Solaar. J’ai vraiment connu l’Age d’Or du rap français où personne comprenait cette musique et ceux qui la comprenaient faisaient partie d’un cercle limité. Le rap suisse était vraiment un petit milieu. En allant voir deux trois concerts, on s’est assez vite tous connus. Et ça c’est une chose qui n’existe plus du tout actuellement.


Une rencontre marquante?
J’ai de la chance car il y en a beaucoup. Depuis quelques années, c’est vraiment Yvan Peacemaker, mon producteur qui as aussi produit Booba, Sniper, Diams entre autres. On est dans une dynamique efficace lui et moi et le fait de travailler avec lui a changé ma perception de la musique. Après j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens que j’adore comme Akhénaton, Oxmo. Je me souviendrai toujours d’Akhénaton qui était descendu des backstages pour m’ écouter pendant le sound check. Le mec continue à s’intéresser, il a ce truc. Et Oxmo, il a une présence naturelle et on a envie de l’écouter quand il parle. C’est une sorte de Père Castor du rap français.

Le rap hier et aujourdhui qu’est-ce que c’est ?
C’est l’expression de la liberté. C’est aussi une musique de classe populaire qui est une autre manière d’approcher le monde et qui m’a beaucoup parlé quand j’avais quatorze ans. Ce qui n’est plus du tout le cas avec le hip hop actuel qui me passe à des kilomètres. Je trouve qu’il n’y a rien de plus triste que des gens qui font semblant; c’est mon avis et tant mieux si ça plait à d’autres. J’aime toujours les artistes que j’écoutais il y a vingt ans comme Oxmo et Akhénaton. Quand je vois que Joey Starr lit du Victor Hugo à l’Assemblée Nationale, je trouve ça génial !
Je pense que le rap est en train d’être digéré par la chanson française comme c’est le cas pour Angèle par exemple.

Vers quoi tu orientes tes ambitions musicales?
A travers le théâtre et plein d’autres projets que je fais, je suis amené à faire davantage de piano et de guitare.

Tu es souvent en « mode avion »comme dans ta chanson?
Pas autant que je voudrais. J’ai un rapport conflictuel avec les réseaux sociaux. La pandémie montre bien cette montée en puissance de la bêtise sur les réseaux: tu te rends compte que l’avis d’un scientifique a autant de poids qu’un type qui n’y connait rien et ça me pose carrément problème. Donc c’est aussi pour ça que c’est bien de déconnecter. Je parle de la Bretagne dans ce morceau parce que c’est au bord de l’océan que j’arrive vraiment à quitter la normalité pendant un temps. C’est l’anti Côte d’Azure.

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Photos : Daniel Nicollier


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