Comme j’ai apprécié la peinture de Philippe Lagautrière en vignette illustrant la couverture – surtout le rapport entre le jeune adulte en bas à gauche et l’adulte sortant presque de l’image en haut à droite – je suis allé lire la quatrième de couverture… pour découvrir que l’auteur avait écrit sur Joseph Delteil, un écrivain important qui mérite de figurer dans votre bibliothèque et qui m’a appris que certains jours de certain vent les vignerons du sud-est de la France ne mettaient pas le vin en bouteille… Ne profitez pas de cet aparté pour vous échapper. Même si nous sommes en Haute-Bretagne ma remarque n’est pas gratuite. L’argument de ce petit livre est simple : apprenant que certains villages dans la région où il a passé une partie de sa jeunesse sont menacés par l’extension d’une carrière de granit, l’auteur décide d’un pèlerinage sur place. Et ses pas réveillent les échos, les souvenirs de ses vacances, dont les dernières sur place à ses dix-huit ans. Les lieux, supports d’un imaginaire, les gens et ce qu’ils furent à ses yeux comme cette Parisienne qui dansait le rock sans lui – la playlist est fort intéressante -, ou sa cousine amicalement tendre, ou encore les adultes et ce qu’ils ne disaient pas toujours.

Attention ! Nous ne sommes pas dans un banal et rebattu :’C’était mieux avant’. Nous sommes dans un simple : ‘C’était plus sensuel avant !’. C’était un temps où l’on se sentait être, où il suffisait de regarder autour de soi pour se situer dans le temps et l’espace. Un temps où les sensations donnaient la mesure de la journée. Un temps où un coq célébrait la naissance du jour, où les vaches connaissaient le chemin aller et retour de l’étable au pré. Un temps où l’on apprenait les chansons par cœur… Un temps de solidarité et de partage. Un temps d’autosuffisance. Un temps où rouler à 80 km/h pouvait faire peur… Bien sûr l’auteur dit cela beaucoup mieux que moi et donne envie de relire Colette, Giono ou Pagnol. Et s’il condamne quelque chose c’est un état de fait qui voue à la disparition les traces d’humanité. Vous supporterez bien une citation. Nous sommes au bal : « Les corps étaient au ralenti et les cœurs allaient vite s’engluer avec Michel Delpech, pionnier de la nostalgie lancinante dont le prisme Chez Laurette, était un moelleux précipice. ».

Bonne lecture-écoute…

Village fantôme
Auteur : Guy Darol
Editeur : Maurice Nadeau

www.maurice-nadeau.net

Village fantôme
5.0Note Finale

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