Si Einstein était une fille

Si Einstein était une fille

Je suis bien embêté pour vous parler de ce recueil de huit nouvelles fantastiques. C’est une première publication indépendante pour son auteur. Comme en peinture, il y a les expositions collectives : les anthologies, et les expos indépendantes : une galerie pour soi tout seul. Et je ne voudrais pas que les remarques qui vont suivre vous interdisent de goûter à sa prose.

Si vous êtes amateur de fantastique vous ne serez pas déçu, les grands thèmes sont au rendez-vous et l’ensemble se dévore à belles dents si vous aimez ce qui est bien écrit. Écrit dans le sens où l’auteur recherche des effets de langage, des mots riches ou rares (suborner- infrangibilité – ingambe), des effets d’humour – un peu à la manière de Pierre Desproges dont on sait qu’il avait le goût et le sens de la comparaison – des effets d’onomastique (faites attention aux noms et prénoms des personnes et aux noms et à la localisation des villes). Mais ne prêtez pas trop d’attention aux titres des nouvelles, en voulant intriguer ou étonner ils dénaturent un peu le rapport entre le texte et le lecteur. Le titre de la nouvelle qui donne son titre au recueil et qui semble situer ce texte à l’époque d’Albert ne renvoie qu’à un bref passage de la nouvelle qui n’a pas grand chose à voir avec le physicien et plus à voir avec le mal-être adolescent. Le baiser de l’épousée est le titre de l’antépénultième récit et là encore ce baiser n’est qu’un point bref de l’histoire qui mêle maternité, rite d’Indiens du Mexique et layette à la sauce mante religieuse. Il en va de même pour le texte intitulé Coup de vent où il est simplement question de plans différents de réalité. Pour L’étrange locataire de la rue Manin et In Memoriam le rapport titre-texte semble plus lâche qu’étroit.

S’il vous faut une idée du meilleur de ces textes je vous dirais la nouvelle éponyme. C’est la plus forte et la plus originale.

Une dernière remarque pour ce qui est du style. En peinture devant certains tableaux on dit souvent : c’est bien peint tant cela donne une impression de réalité, ici on trouve des phrases comme celle-ci : « Des abeilles ronronnant dans des bosquets de buis » et un « soul », qui, non accentué est très musical, qui laissent à penser que c’est trop écrit ou qu’une relecture s’imposait…

Bonne lecture.

Si Einstein était une fille
Auteur : Hélène Laly
Éditeur : Lacour
Collection : Imaginaire

www.editions-lacour.com

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.