Mobylette

Il me semble que monter le titre et diminuer la surface de peau visible aurait renforcé l’idée de ‘grandeur-hauteur’ donnée par l’empilement… Mais ce n’est qu’un détail. En quatrième de couverture on vous dit : « Il y a la démesure d’un John Kennedy Toole et le piquant d’un Desproges chez Frédéric Ploussard. Accrochez-vous. » Et on précise : « Né en 1968, Frédéric Ploussard a longtemps exercé le métier d’éducateur spécialisé. Il vit aujourd’hui en Ardèche où il se consacre à l’écriture. » Ces informations devraient vous donner envie de plonger dans un monde déjanté où le style hyperbolique (à lire avec l’accent de Salvador Dali, merci) de l’auteur ajoute juste ce qu’il faut pour que sa démesure soit acceptée. Conseil de lecture : comme chez beaucoup de bons ‘humoristes’, les vraies ‘chutes’ de ce qui est raconté arrivent tard, alors allez jusqu’au bout avant de rire, vous rirez mieux…

Dominique, surnommé Dom, a vécu avec ses parents des rapports d’affrontements très chaotiques parce qu’il est né ‘grand’. Il vit une vie de famille, il est le père de Léon, difficile parce que son épouse l’agresse. Heureusement il s’épanouit au milieu des enfants-ados qu’il doit gérer en tant qu’éducateur spécialisé. Les situations sont cocasses et somme toute fort crédibles et l’on rit de leur récit… Mais en grattant un peu, et c’est à mon avis là que ce roman prend toute sa force et son intérêt, sous l’hyperbole se cache une sévère critique sociale. Par petites touches simples, insidieuses et efficaces l’auteur nous contraint à ouvrir les yeux sur des choses que nous n’avons pas l’habitude ou l’envie de voir… Vous noterez que si, comme il convient, l’auteur nous offre une fin qui ne nous surprend pas, il sait en revanche que nous avons envie de savoir ce que sont devenus les enfants-ados dont il a mis en évidence les comportements…

Attention, c’est difficile à lâcher avant la fin…

Bonne lecture.

Mobylette
Auteur : Frédéric Ploussard
Editeur : Héloïse d’Ormesson

www.editions-heloisedormesson.com