L’illustration de couverture s’intitule « Jeune fille regardant à travers un télescope » et est signée P. A. Rotari, elle est adaptée à l’œuvre, mais je m’étonne qu’elle n’ait pas été remplacée par un paysage peint par l’auteur. Je sais bien que les Arts (sauf le 7ème) ne sont pas vraiment des sujets quotidiens de discussions entre amis, mais il me semble que depuis longtemps ils brassent des gens de toutes les nationalités. Or, il me semble que si vous ouvrez un manuel de littérature destiné à l’éducation vous n’y trouvez que des « gloires » nationales et quelques exceptions… Ce Gottfried Keller ne mériterait-il pas une page de présentation dans un manuel français ou espagnol ? Bien sûr que si. D’une part, il décrit son monde et, d’autre part, il fait de la bonne littérature. Deux raisons suffisantes pour que l’on s’intéresse à lui.

Parues initialement en deux tomes, ces dix histoires racontent la vie des gens d’une vallée suisse totalement imaginaire mais qui a pourtant subi des événements historiques du pays. Lisez attentivement vous verrez. Ce sont des nouvelles qui respectent les conseils préconisés par Goethe pour pratiquer ce genre. Et l’art de Gottfried Keller consiste pour moi à ne vous donner que le strict minimum d’informations et que celles-ci soit les plus justes et précises possible. Il sait vous mettre en condition pour que s’il écrit « Rose » ou « bleu » vous ayez en même temps la vision de toutes les nuances et la certitude de choisir la bonne couleur. J’ai un gros faible pour le texte qui ouvre la deuxième série : « C’est l’habit qui fait l’homme » – on a plutôt tendance à utiliser la formule inverse avec son moine. Un pauvre tailleur qui vient de subir la ruine de son employeur erre sur les routes avec pour seule « richesse » son habit, signe d’une certaine classe. Il rencontre un cocher conducteur d’une berline digne d’un prince qui l’invite à monter. Ils s’arrêtent à une auberge où avec l’aide sournois du cocher, le tailleur est pris pour un comte. On imagine la suite, sans doute. Mais le tailleur retrouve celle qu’il a toujours aimée… L’explication finale entre la jeune femme et le tailleur est d’une rare finesse… Les autres textes sont de la même subtilité et vous remarquerez, comme le souligne Dominik Müller dans sa postface, que les femmes y sont traitées comme elles le méritent…

Une lecture plaisante et indispensable…

Les Gens de Seldwyla
Auteur : Gottfried Keller
Editeur : Zoé

www.editionszoe.ch

Les Gens de Seldwyla
5.0Note Finale

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