Avec un sous-titre : Rousseau vs Diderot et deux regrets à propos de la couverture : que le nom de l’auteur soit en si petits caractères, que les deux fous – pièces d’échecs – ne soient pas aux couleurs complémentaires comme dit dans le texte ou en simple noir et blanc.
La pièce a été représentée et je crois que, malgré le sérieux didactique du sujet, les spectateurs ne se sont pas ennuyés. A cela deux raisons au moins. La première est sans doute le jeu des comédiens… je sais bien que vous lirez la pièce mais je pense que très vite vous entendrez les voix, le ton de Franck et Greg. Et, croyez-moi, chacun est particulier. En fait par endroit on ne sait plus si c’est eux qui portent le texte ou l’inverse. La deuxième est le texte car au lieu d’enfermer les personnages dans leur querelle et leur rôle (Diderot reprochant à Rousseau de lire en public ses Confessions en disant du mal des philosophes et de l’Encyclopédie, Rousseau reprochant aux philosophes d’avoir médit sur son compte) il déborde jusqu’à citer trois présidents de la Vème république française et Corneille, Molière et Racine. J’ai même cru entendre quelque écho d’un certain Blaise Pascal, non crédité. C’est subtil et juste car ce que l’on sait et/ou croit savoir des deux personnages est bien là (le rapport de Rousseau à ses enfants, la botanique, les deux et leurs rapports aux femmes).
Il me semble que cette pièce est un bon triple matériau pédagogique. En groupe théâtre, en français et bien sûr en philo. Et peut-être aussi au club d’échecs. Je me demande même si la lecture de cette pièce n’incite pas à vouloir partager le plaisir du jeu (si ‘paradoxal’ pour Diderot). Citation : c’est Diderot qui parle « Oh Rousseau, les hommes sobres rendent le monde commun. Vous qui cherchez la vérité en toute chose, ne voulez-vous pas vous abreuver à la source ? Ne dit-on pas : ‘ In vino veritas’ ? ».
Bonne lecture.
La raison du plus fou
Auteur : Franck Mercadal
Editeur : Harmattan
Collection : La Luna
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