Un bandeau rouge cache le bas de l’illustration de couverture, découvrez-la vite… elle est forte et juste au regard du récit. Ce dernier peut paraître plus fantastique que SF mais une lecture attentive donnera aux amateurs des deux genres l’impression qu’ils lisent bien ce qui les passionne. C’est, je pense, l’une des premières qualités de ce court roman dont la suite et la fin restent à paraître. N’attendez pas pour lire ce premier ‘épisode’.
Nous sommes à Venise au début du 17ème siècle et l’obtention de certains postes de pouvoir dépend autant de la corruption que de la compétence. Et la cité abrite la Maison des Jeux où l’on joue à deux niveaux. Le premier, basique, est celui où se font et défont les fortunes. Ainsi un riche marchand y perd beaucoup au point de devoir épouser une jeune et belle juive dont la dot l’aidera. Elle s’appelle Thene et elle observe. Le deuxième niveau est la Haute Loge où seuls certains joueurs sont admis et où les pions et les enjeux relèvent des humains. La maîtresse des Jeux proposera à Thene d’accéder à la Haute Loge si elle joue et gagne la partie qui désignera un des responsables de la cité. Bien sûr Thene acceptera. Le roman raconte la partie qu’elle livre contre trois adversaires. Une partie sans concession menée sur un rythme particulier et comme tributaire de la ville et de ses canaux. Thene réfléchit sur elle-même, sur les pions que le ‘hasard’ lui a confiés, sur ses adversaires et sur le jeu lui-même. Et ce faisant elle nous décrit la ville et les mœurs de l’époque.
Et l’auteure qui n’est pas le ‘nous’ qui raconte glisse une impertinente présence qui joue avec les mots. On notera, et ma remarque doit vous inciter à aller regarder de près certaines toiles, que l’histoire commence l’année où meurt Le Caravage… J’espère que vous arriverez à sentir l’odeur de l’eau qui parfois sourd de ces pages.
Bonne lecture lente pour savourer.
La maison des jeux, tome 1 : Le serpent
Auteure : Claire North
Editeur : Le Bélial’
Collection : Une heure lumière
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