Attendez avant de manifester une pudibonderie malvenue. C’est érotique et non pornographique qu’il faut lire. Et c’est aussi de la poésie et si elle est agrémentée de dessins de l’auteur assez réussis cela ne devrait rien avoir de provoquant. On appréciera le rose un peu vieux de la couverture et le bleu-vert de la photo de l’auteur dont on vous donne en quatrième la signification des E.E. : Edward Estlin. Comme je sais que vous allez d’abord regarder les dessins, même s’il me semble plus intéressant de les voir après lecture, je pense que vous noterez qu’ils paraissent être réalisés d’un même trait, d’un seul mouvement. Cela donne à mon sens l’impression qu’ils tentent de traduire les deux corps en une seule et même unité-union. Abordons maintenant le fameux sujet : la différence entre érotisme et pornographie. Ce qui suit n’engage que moi. Je dirais que la pornographie fait un grand usage des mots du vocabulaire anatomique génital en version plus ou moins argotique. L’érotisme à mon sens ne dis pas ou si peu, il suggère. Et je crois que vous lecteurs/lectrices trouverez au bout de la lecture de certains poèmes des images précises dans votre tête. Il m’étonnerait qu’un même texte évoque les mêmes images pour deux personnes. Et cela fait partie de l’érotisme. Avant de vous proposer une citation, je dois vous signaler deux choses. Cummings fut un temps ambulancier en France en 1917, le premier copyright des textes est 1923… On sait les bouleversements que la première guerre mondiale provoqua. Si vous avez feuilleté, vous avez sans doute remarqué les insertions typographiques, les majuscules au milieu des mots ou les cassures abruptes de ceux-ci, avez-vous constaté que cela pouvait faire sens ?
Voilà la citation : « des bêtes fauves(au premier)ont trouvé voix humaine
-notre second a rendu les pierres musiciennes-
mais quel silence couvrant les étoiles au troisième » (j’ai respecté la mise en page).
Bonne lecture, lente.
Érotiques
Auteur : E.E. Cummings
Éditeur : Seghers
Laisser un commentaire