A Léo : l’homme de Francis Lalanne

Il paraît que l’on brûle souvent ce que l’on a adoré. Rassurez-vous ! Si j’ai, à ses débuts, comme beaucoup de gens, je suppose, beaucoup apprécié Francis Lalanne, je reste encore fidèle au grand Léo Ferré… Là, je suis bien ennuyé. L’amitié entre les deux hommes semble manifeste et la pochette nous livre un extrait de lettre de Léo à Francis mais je ne suis pas convaincu par les versions que Francis Lalanne propose de certaines des plus grandes chansons de Léo. Heureusement, pour mon goût certaines résistent. « Avec le temps » et « Pauvre Rutebeuf » restent les mêmes et c’est bien. Les autres pâtissent de l’accent de Lalanne et de ce que la musique – trop forte – noie les paroles. En écoutant « C’est extra » version Lalanne, j’imagine la chanson reprise par Luis Mariano ou Roberto Alagna et je n’entends plus l’ironie de Léo qui signait là une superbe chanson de l’été, un tube ce qui n’était pas dans ses habitudes. En écoutant la version Lalanne de « Jolie môme », je repense à Madame Juliette Gréco, à Monsieur Yves Montand. Vous me direz, et vous n’aurez pas tort, les temps changent, il ne faut pas copier à l’identique, il faut faire des versions personnelles des chansons des autres… Et bien justement, je trouve que Lalanne n’apporte rien et même fait parfois fausse route – sa façon de prononcer Moody Blues dans « C’est extra » ne rend pas hommage à la chanson. Sa version de « Vingt ans » noie la justesse du texte, il en fait une chanson banale alors que c’est le portrait d’un âge… Je me permettrai aussi de lui reprocher d’emprunter un peu trop de la mélodie du « Temps des cerises » pour chanter le « sang des cerises »…

Il vous reste un CD à écouter. Il s’agit d’une interview de Francis Lalanne par Paul Fargier, par ailleurs producteur de l’autre CD. Si j’ai bien compté, Francis Lalanne passe plus de temps à répondre qu’à chanter…

Je laisse l’ensemble à votre appréciation.