Il me semble que le fond rouge de la couverture nuit beaucoup au dessin réussi du singe. Si vous avez suivi mes chroniques à propos de cet auteur, vous savez que j’ai souri en lisant le titre de ce recueil de huit nouvelles. Mon sourire s’est accentué au fil de la lecture parce que la musique et un certain fantastique y prennent une grande part. Mais commençons par la fin puisque c’est la dernière nouvelle qui donne son titre. Il vous faut retenir le mot singulier. L’auteur-narrateur qui n’aime pas la cuisine chinoise laisse son épouse aller en manger avec une amie et se retrouve seul. Un soir, ne parvenant à s’intéresser à une lecture, il passe en revue ses costumes qu’il ne porte pas souvent, en met un et sort lire dans un bar. On dira que pour ce soir-là il est autre. Et voilà que presque arrivé à la fin de son livre, après quelques cocktails, il se fait apostropher par une femme qu’il ne connait pas. On pourrait dire qu’il a changé de singularité et méditer longuement sur ce qu’est l’autre de la célèbre formule d’Arthur Rimbaud : ‘Je est un autre’. La musique ? Elle sert bien sûr de repère temporel à l’auteur pour dater ses souvenirs de personnes ou de situations, parce qu’il semble ne pas être certain de sa mémoire. On peut avoir d’ailleurs l’impression qu’il écrit pour fixer cette dernière et noter que certaines nouvelles du recueil font écho à des passages de romans… Peut-être par goût ai-je beaucoup apprécié ‘With the Beatles’ où l’impact de l’image en couverture est fort bien présenté. Pour ce qui est du fantastique il faut retenir ‘La crème de la crème’ et ‘La confession du singe de Shinagawa’ (on notera qu’il s’agit de la seconde et de l’avant-dernière nouvelle). Dans ‘La crème de la crème’ l’auteur invité d’un concert particulier reçoit une leçon de vie de la part d’un vieux sage avant de retrouver la réalité. Dans sa confession, le singe qui parle explique qu’il ne peut aimer que des humaines et que les aimer consiste pour lui à leur voler leur nom en s’emparant d’un objet qui leur appartient. Et le narrateur-auteur raconte qu’il a parlé avec une femme qui ne sait plus comment elle s’appelle depuis qu’elle a perdu son permis de conduire dans le quartier de Shinagawa…

Je me permettrai de regretter que la quatrième de couverture vous en dise autant. Bonne lecture.

Première personne du singulier
Auteur : Haruki Murakami
Editeur : Belfond

www.belfond.fr

Première personne du singulier
4.0Note Finale

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.