Avec, pour mon goût, une superbe et subtile illustration de couverture. Et un contenu double. D’une part, une histoire en caractères ‘normaux’ et, d’autre part, un journal qui reproduit l’écriture manuscrite de son rédacteur. Imaginez une flotte partie à la poursuite d’une flottille de pirates ayant kidnappé la fille du roi. Imaginez que les deux groupes se trouvent encalminés dans une mer de glace puis libérés par intermittence et suivent un flux qui les pousse vers le nord. Instants passés à se combattre pour délivrer ou conserver l’otage. Du classique jusque-là, mais la glace chante, envoûte les marins – des officiers à l’homme du rang – et au bout d’un plus ou moins long temps de résistance les hommes énoncent leur quatre vérités et se jettent par-dessus bord. Et l’un des hommes tâche de mettre un point final à cette aventure… Et là, en tant que lecteur, vous êtes livré à vous-même. C’est vous qui décidez de l’intérêt du personnage, du bienfondé de sa décision et de sa réussite. L’avant-dernière séquence de l’histoire parle de combats d’homme à homme et en montre l’absurdité – corroborée par le contenu du journal. Et je pense que c’est bien de cela qu’il est question dans ce texte. De l’absurdité de la vie et de la mort. L’auteur dit sans commenter et c’est là l’important. Il nous laisse penser notre morale de l’histoire, il n’a servi qu’à éveiller notre conscience au problème. Et c’est bien. Nous ne pouvons lui reprocher un avis qui n’est pas le nôtre et cela met en doute les certitudes que nous aimerions avoir.
Je crois que c’est là une des raisons de la littérature…
Conseil de lecture : lire d’une traite tout le livre, laisser reposer un peu, relire le journal pour être sûr que rien ne nous a échappé, laisser reposer puis relire le tout et attendre que l’alchimie se fasse. Il m’étonnerait que ne trouviez pas votre compte.
Bonnes lectures.
L’impassible Armada
Auteur : Lionel Davoust
Editeur : 1115
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