Une assez attirante illustration de couverture pour un gros roman de 580 pages dont je ne saurais trop vous recommander la lecture et vous suggérer de l’offrir. Mais qui me pose trois questions. Sa première édition date de 1991 et l’on doit se demander ce qui peut bien avoir retardé pendant trente ans sa traduction en français. Est-ce sa taille ? Son sujet ? Ou le fait qu’il soit l’œuvre d’une femme ? Sa taille est nécessaire à cause de son sujet. Il raconte par la voix de Lixia – jeune ethno sociologue – la prise de contact-observation d’une planète par une expédition de Terriens après un voyage interstellaire ayant nécessité l’hibernation des passagers et d’une partie du chargement. Il raconte aussi une grosse tranche de la vie de Nia, forgeronne du clan du cuivre. Les deux récits se mêlent à partir du moment où Lixia entre en contact avec les autochtones, humanoïdes à trois doigts et fourrure. Et, comme Lixia, nous allons découvrir le mode de vie de cette population qui pratique deux langues, celle des cadeaux qui ‘sanctionnent’ les relations et celle du clan (ambre, fer, cuir…) avec comme point commun une série de gestes – je vous recommande à ce propos la page 240 où Lixia fait un geste bien terrien – et des histoires qui semblent des variantes les unes des autres et expliquent le monde. Une population qui scinde les hommes et les femmes. Aux uns le gardiennage des troupeaux et la broderie, aux autres la vie en village, aux deux le nomadisme. La saison – le printemps – de l’accouplement pour la reproduction. Les jeunes mâles quittant leur mère et le village à la puberté. Une population disposant d’une mythologie-cosmologie… Lixia et Dereck qui l’a rejoint, se retrouvent les seuls Terriens à observer les autochtones et à voyager en compagnie de Nia et d’un oracle. Ils font des rapports réguliers à ceux du vaisseau restés en orbite et qui débattent quant à savoir s’ils doivent intervenir sur la planète qui regorge de métal. Et bien sûr deux tendances s’opposent de manière assez caricaturales (marxistes vs capitalistes). Un accident survient et précipite le débat…

C’est dense, fort, poétique, humain et réussi. Malgré la longueur on ne se lasse pas. Les personnages de Lixia et de Nia sont d’une étonnante crédibilité, la planète et ce qu’il est advenu de la terre d’une grande vraisemblance. Comment a-t-on pu laisser dormir pendant trente ans un tel livre ? Je vous laisse trouver seul la citation qui vous plait, mais je crois qu’en refermant le livre vous apprécierez l’expression : faire un geste.

Bonne lecture.

Les nomades du fer
Auteure : Eleanor Arnason
Editeur : Argyll

www.argyll.fr

Les nomades du fer
5.0Note Finale

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