Premier roman de cet immense écrivain dans cette mythique collection, il aurait été regrettable que cette rencontre n’eût pas lieu. D’autant plus que c’est à peine si l’auteur a changé quoi que ce soit à sa façon de nous parler du monde.
La présentation du roman en quatrième de couverture ne vous offre qu’une histoire pas très originale qu’il faut avoir envie de lire pour aller plus loin. Or ce qui à mon avis fait l’intérêt de Pierre Pelot c’est la manière qu’il a de transformer le banal, le quotidien en remarquable. Si vous feuilletez, vous trouverez deux types de « caractères » qui racontent : les droits pour ce qui est visible et dit et les italiques pour ce que se dit, pense et imagine le personnage… Faites attention aux décalages… Jip Sand (Jip pour Jean-Pierre) fut journaliste localier de Paradis la ville de sa jeunesse. Et au sortir d’un cancer il revient dans sa ville pour retrouver sa santé et sa fille Annie dite Na. Paradis est une petite ville comme beaucoup d’autres, en déclin, elle fait face à Charapak son envers du décor avec les Manouches où le corps à moitié rongé de Manuela, l’amie de Na, avait été retrouvé. Na elle aussi a semble-t-il disparu. Et Jip, en se retrouvant au milieu de ses vieux amis, à devoir faire attention à sa santé de convalescent, va vouloir comprendre pourquoi l’enquête sur la mort de Manuela a été classée sans suite. Jip le lecteur, l’écrivain de polar est devenu quelqu’un de différent de ses amis. Eux sont restés une bande, lui est devenu un autre… Il a des souvenirs, eux ils vivent dans leur ville. Et Pelot parvient à nous donner à lire l’ambiguïté du monde qui n’est jamais entier ou simpliste. Peut-être par le biais d’une ironie douce-amère ou par la force d’une lecture poétique de nos vies.
À déguster lentement en sirotant – avec modération – un vieil alcool ambré.
Les jardins d’Eden
Auteur : Pierre Pelot
Editeur : Gallimard
Collection : Série Noire
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