Les années de l’éléphant

les annees de l’elephant – extrait

A vous aussi le nom de l’auteur dit quelque chose, non ? Comme moi vous devez l’avoir lu quelque part. L’homme est né en 1953 et il est bien connu en Flandre et en Hollande pour un travail qui relève de la comédie et de l’humour. C’est pourquoi cet album est particulier dans son oeuvre. Il s’agit d’une thérapie de deuil et l’état du dessin (peu encré) montre bien qu’il n’était initialement pas destiné à parvenir entre nos mains. On peut imaginer facilement je crois qu’un dessinateur utilise son art, sa technique pour faire le deuil… de la mort de son fils – suicide -.

Il prend ici l’apparence de Karel, la cinquantaine, ayant un bon emploi, bon père de famille à qui la police vient soudain annoncer que son fils vient de se jeter du haut de leur immeuble. Et le premier réflexe est un déni qui pousse l’employé « modèle » à aller travailler. Mais il voit, lui seul bien sur, son patron faire la poule et pondre des oeufs. Tous les épisodes proposent en gros la même construction… La même intrusion de l’irréel, du fantastique, du surréalisme dans l’univers normal de notre père de famille. Comme si le décalage entre ce qu’il vit et ce qu’il pense ou sait, faisait sortir des choses. Comme si la mort du fils avait ouvert une brèche dans le réel. Karel « communiquera » avec son fils mais ce qu’ils se diront ne lui plaira pas alors ils cesseront d’échanger…

On peut considérer qu’il s’agit d’un livre d’humour – le dessin proche de la caricature nous y invite – mais il me semble qu’il vaut mieux « partager » la douleur du père et se laisser pénétrer par les dessins, se glisser soi-même dans la faille. Et c’est plus facile qu’on ne pense.
A « déguster » avec lenteur…

Les années de l’éléphant
Récit complet
Dessinateur et scénariste : Willy Linthout
Editeur : Presque Lune Éditions
Collection : Lune Froide/Romans Graphiques