Le fleuve obscur de l'avenir

Le fleuve obscur de l’avenir

Seul le dessin en couverture de la fusée qui s’élance dans le ciel ou pour certains le nom de l’auteur peuvent vous donner une idée du type de science-fiction contenu dans ce gros volume de 690 pages (on notera tout de suite que s’il faut compter en moyenne 10 euros pour un volume de 220 pages, 25 euro pour trois romans un peu plus longs, plus une nouvelle et un appareil critique cela offre un bon rapport qualité prix.)

B.R. Bruss fait partie de ces auteurs un peu gênants qui n’ont pas toujours l’audience que sur un plan strictement littéraire ils méritent ou pourraient revendiquer… Voilà un écrivain que les amateurs de SF qui ont découvert le genre avec la collection Anticipation du Fleuve Noir ont longtemps apprécié comme sortant des sentiers battus de la collection… Et puis ils ont appris son passé de collabo – ce fut un fidèle de Pierre Laval. J’avoue pour ma part ne pas avoir ressenti le poids de ce passé dans les œuvres présentées ici. Ce qui prouve entre autres que tout le monde peut se tromper et qu’il est possible de changer d’attitude lorsqu’on sait. Je vous conseillerai donc de commencer la lecture par la petite nouvelle (1967) qui précède la postface-critique de Laurent Génefort, maître d’œuvre du volume. On ne saurait trop apprécier le travail de « réhabilitation » de certains auteurs par cet écrivain (voir aussi le catalogue des éditions Bragelonne). Dans ce texte un homme qui possède le pouvoir psychique de faire souffrir qui il veut et même de tuer retrouve enfin le criminel qui a violé et tué sa fille. Petit tour de force de l’auteur – à mon avis – il me semble que l’on parvient à sentir la souffrance infligée. La chute de l’histoire peut paraître trop explicite à certains, il n’empêche qu’elle surprend et a dû faire grincer des dents. Les trois romans présentés sont symptomatiques d’une époque où les « romans » étaient « écrits », où les auteurs avaient un style particulier même quand ce qu’ils produisaient relevait du genre « distrayant ». « Et la Planète sauta » (1946) montre comment l’ambition personnelle peut conduire à la pire des catastrophes, « L’étrange Planète Orga » (1967) sous les dehors un peu naïfs de la forme du récit – celui qui raconte n’est pas un écrivain et il titre ses chapitres avec un résumé de leur contenu – défend l’idée qu’il est toujours possible de s’entendre même entre individus de biologie différente… Et cela ne relève pas d’un optimisme béat. Enfin pour ce qui est de « Parle, Robot ! » (1969) je me contenterai de citer Laurent Génefort qui précise que ce roman « annonce de façon visionnaire « l’homme bicentenaire » d’Isaac Asimov (le roman du bon docteur datant de 1976). Et qui achève sa postface par une courte citation : « il y en a (des hommes) un petit nombre d’admirables, un grand nombre de respectables, et beaucoup qui ne sont ni l’un ni l’autre. »

Cette postface, en recensant de manière critique les œuvres de Bruss, peut vous aider à constituer une collection intéressante de ses productions.

Bonne lecture.

Le fleuve obscur de l’avenir
Auteur : B.R. Bruss
Éditeur : Critic

http://editions.librairie-critic.fr/

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