Depuis le 15 novembre jusqu’au 4 décembre 2022, le Théâtre du Loup nous émerveille avec un spectacle hors norme. Entrez dans un univers où absurdités, poésie, étrangetés, démons et merveilles se répondent et se bousculent semblables aux poissons d’un même océan. Entrez vite mais ne pensez plus à sortir…

Sans crier gare, nous voici tombés à pic en suivant un jeune homme qui lui-même suivait un veillard. Un somptueux tableau s’offre alors à nous ; jolie collection de bouteilles, personnages haut en couleur et même une sirène : c’est le bar sous la mer. L’action se construit peu à peu autour de récits narrés par le menu dans lesquels nous sommes happés tant la justesse du jeu et les atmosphères recréées nous interpellent. Ici, l’histoire d’un grand cuisinier français aux prises avec le diable. La rencontre et le ton décalé m’ont propulsée malgré moi dans le roman fantastique Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.

Là-bas, nous sommes téléportés en Californie au bord d’une piscine en compagnie d’un junkie et ses amis tous plus déjantés les uns que les autres, ambiance qui n’est pas sans rappeler le roman de Bret Easton Ellis Less than zero. Plus loin, nous louons les amours folles ô combien belles entre Pronto Soccorso et Beauty Case vécues à fond la caisse.

Nous naviguons ainsi de conte en conte, partons à la rencontre de personnages à la fois attachants et étranges, extrêmes et comiques. Nous savourons avec délice l’univers fantastique de Stefano Benni où l’enchantement nous cueille au moindre détour. Le burlesque, quasiment omniprésent, joue un rôle crucial dans cette pièce légère et vive où les répliques comme les gestes fusent aussi vite que le bolide de Pronto Soccorso dans les ruelles italiennes.


On salue la facilité et le naturel des comédiens à changer de peau sous nos yeux sans temps mort. Dans une transition fluide, ils adoptent des postures nouvelles, se réinventent, porteurs d’une nouvelle vérité et c’est tout un imaginaire qui s’ébauche et prend vie. Et la vie ici est partout. Même sous la mer.

Ne faudrait-il pas se barricader de temps à autre dans un lieu à part, peuplé d’images et de songes, nourri par les mots et la fumée de cigarette ? Benni semble nous y encourager. Du moins, il ouvre toute grande la porte de notre imaginaire et nous pousse à explorer d’autres dimensions. Pourquoi ne pas succomber ? Ecoutons le chant de la sirène et prêtons-lui notre plus grande attention. N’hésitez plus : plongez tant qu’il est temps ! Le spectacle se joue jusqu’au 4 décembre, ne manquez pas le coche !

Texte : d’après Stefano Benni
Mise en scène : Eric Jeanmonod
Jeu: Compagnie du Théâtre du Loup
Crédits photos : Elisa Larvego

Réservations : Théâtre du Loup

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