Si vous rapprochez le titre de l’illustration, le sens doit devenir évident. Il s’agit d’une pièce de théâtre publiée en 1964 en édition originale, en 1972 en français et représentée en 1971. L’acteur Sacha Pitoëff obtint à cette occasion le prix Béatrice Dussane 1971 pour son interprétation du Prince Von Berg. Je ne suis pas sûr que la lecture d’une pièce soit un plaisir facile – les dialogues peuvent paraître artificiels. Mais avec un peu d’imagination on peut prêter le ton au comédien… Je crois qu’il suffit de laisser les mots vous porter. Je ne suis pas sûr que le public d’aujourd’hui soit capable d’entendre et de voir cette pièce. Il me semble pourtant qu’elle devrait être encore et encore jouée.
L’action se passe en France en 1942 à Vichy. Des hommes arrêtés dans la rue attendent d’être interrogés par l’occupant soutenu par des miliciens. Tous sont juifs excepté un Prince autrichien catholique et anti-nazi. C’est bien sûr une population mélangée qui va du marchand au bohémien en passant par l’artiste et le garçon de café et ce brassage permet deux choses. D’une part, la variété des opinions et, d’autre part, une bonne diversité des choses entendues et colportées à propos des Allemands. Et les oppositions entre les personnages mettent, comme il se doit, en relief le trouble que provoque en eux la situation.
C’est d’une rare densité mais méfiez-vous, si l’analyse de ce moment d’histoire est juste, l’auteur va au-delà et son interrogation à propos de l’homme vous amènera sans doute aussi à vous interroger sur votre actuel rapport au monde… Je vous propose une citation en supprimant les noms des interlocuteurs :
« – Mais comment faire pour éviter le sentiment d’être une victime ?
– Il faut inventer sa propre réalité en ce bas monde. Je suis acteur, nous faisons cela tout le temps. Les spectateurs, vous savez, ce sont des sadiques. Ils cherchent en vous le plus petit signe de faiblesse. ».
Bonne lecture.
Incident à Vichy
Auteur : Arthur Miller
Editeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons poche
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