En couverture une belle photo ‘humaniste’ de l’auteur. Ce livre inaugure la collection dont il semble évident que le nom explique le contenu. L’auteur vit dans la rue et les fragments de sa vie qu’il a pris la peine de… citation : « Pour avancer, je couche les mots. Je couche avec, même. User de l’imaginaire pour poser le vrai et poser ce que je suis : bancal, marginal, cas social de naissance. Sans fard me délester de ce fardeau qu’est la vie pour certains. ».
Conseil de lecture : à lire absolument au compte-gouttes en piochant au hasard dans la table des matières et en gardant pour la fin les lettres à Élise et à Lou. Surtout éviter le moment où l’auteur lasse, où l’on se retrouve indifférent à son sort parce qu’on ne parvient pas à en prendre conscience, où l’on se contente de s’apitoyer. Il faut juste sentir la morsure des mots utilisés par Ervé pour mordre dans la vie. Sentir qu’il se fait, se construit en se racontant et choisissant les pierres de son mur.
Comme vous êtes des lecteurs attentifs, vous saurez découvrir l’homme sous l’enfant de la DASS (direction des affaires sanitaires et sociales), vous sentirez l’homme sous le clodo faisant la manche. Et vous lirez ses tentatives pour glisser des références culturelles montrant qu’il n’est pas inculte : Beethoven et Apollinaire au moins. Vous percevrez, du moins j’espère, la profonde tristesse masquée par la fanfaronnade et teintée de lassitude qui court dans l’épisode intitulé : La petite boule puante. Si j’osais, je vous conseillerais de commencer par ce texte et de garder préface et postface pour longtemps après lecture. Si j’osais, je vous conseillerais de revoir un des meilleurs films de Gérard Jugnot : Une époque formidable. Pourquoi ? La raison est simple elle tient au fait que parfois ce qui est écrit, même si c’est authentique, peut sembler excessif, arrangé, écrit pour émouvoir et toucher.
Bonnes lectures…
Écritures carnassières
Auteur : Ervé
Éditeur : Maurice Nadeau
Collection : A vif
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