Une des dernières arlésiennes est enfin sortie. Shenmue 3, le jeu de Yu Suzuki, 4 ans de développement pour 18 ans d’attente. Cela en valait-il la peine ? Est-ce-que les aventures de Ryo Hazuki sont encore pertinente en 2019 ? Renouveau de la saga ou suite sans ambition ? 


Annoncé en grande pompe sous les cris de joie des joueurs Playstation à l’E3 2015, Shenmue 3 était en fait un projet kickstarter. Durant sa campagne de séduction pour accumuler les promesses de dons, Yu Suzuki, le créateur réuni la pharaonique somme de 6’000’000$. Un record pour la plateforme de financements participatifs. Développement difficile, inquiétudes lors des premières présentations. Shenmue 3 arrive dans sa forme finale après un accouchement difficile.

4 ans après l’annonce le jeu sort finalement sur PS4 et PC (Epic Game Store pour le moment). La suite des aventures de Ryo Hazuki est entre nos mains, enfin. L’an dernier Yu Suzuki nous sortait une compile de Shenmue I et II sur PS4, PC et Xbox One. Piqure de rappel et révision en HD, Shenmue 1 et 2 étaient un remaster simpliste, mais qui donnait l’occasion aux nouveaux joueurs de découvrir la franchise et aux nostalgiques de s’y replonger enfin de se préparer pour le 3. Pratiquement aucune modification au gameplay n’avait été faite. C’était les jeux comme à leur sortie en 1999 et 2001 respectivement, plus la haute résolution et en 16/9. Et c’était ok. C’était juste un remaster, sans autres prétentions.

En 2019, pour Shenmue 3, 18 ans plus tard, les attentes ne sont plus les mêmes. Du moins pour une certaine partie des joueurs. Ce n’est pas un remaster d’un vieux jeu Dreamcast cette fois. Il s’agit d’un épisode inédit avec un cycle complet de production. On ne s’attend donc pas à un jeu Dreamcast en HD en 2019. On s’attend à un jeu PS4, peut-être un peu old-school, certes, mais aux standards d’aujourd’hui. Après, il ne faut pas l’oublier, l’équipe de développement est réduite et le budget du jeu n’est pas celui d’un triple A. Mais cela n’est pas une excuse pour fermer les yeux sur toutes les carences du titre. Et croyez-moi, il y en a.

En lançant Shenmue 3, j’ai d’abord cru avoir trouvé le moyen de remonter dans le temps comme avec la DeLorean du Doc. J’ai fait un saut de plus de quinze en arrière d’un coup. De retour sur une Dreamcast, mais en HD. Finalement, il n’en est rien, je suis bien sur PS4, toujours en 2019 et je n’en crois pas mes yeux. Rien n’a changer. C’est le même Shenmue qu’il y a 18 ans. J’exagère, c’est vrai, mais pas tant que ça. Et je ne parle pas uniquement que de l’aspect visuel du jeu, mais du tout. On peut le voir comme quelque chose de positif, ou pas.

Commençons par le positif. La première chose qui frappe en débutant Shenmue 3, c’est que Yu Suzuki et son équipe de Shibuya production ont su recréer l’atmosphère magique et enchanteur bien connu de la saga. C’est du Shenmue, pas autre chose. C’est ouvert, c’est coloré, ça donne envie de se lancer dedans et découvrir ce monde particulier. Les thèmes musicaux ajoutent encore plus à l’ambiance et collent parfaitement aux environnements. Violons et flutes nous baladent dans les contrées chatoyantes de la Chine. Et on retrouve Ryo dans toute sa splendeur avec sa veste en cuir et ses jeans bleus, la classe des années 80. L’arbre Shenmue est là. C’est zen. Les champs de fleurs, la rivière coule tranquillement. La lumière du soleil caresse et habille avec délicatesse les doux paysages. L’architecture chinoise est magnifique avec des maisons typiques et des temples magnifiques. On est bien.

Les décors sont beaux, Ryo a la classe, mais tout semble un peu figé. Le visage de Ryo n’est pas super expressif, mais ce n’est pas trop grave. Et c’est beaucoup mieux que durant les phases alpha et beta. Il est un peu raide comme un piquet. Il court comme un robot. Il se prend les pieds et se stop dans m’importe quel obstacle. Mais ce n’est pas grave, c’est Shenmue, on sait. Au moyen les décors sont beaux. Ça a du charme. C’est poétique. Par contre, il faut constater que c’est un peu vide. Et c’est là que l’on sort du rêve pour retomber à la réalité qui est malheureusement plombé par une qualité technique décevante.

Pour commencer, il arrive que le jeu rame. Pour un jeu de la sorte sur Unreal Engine, c’est moyen. Bon, c’est plutôt rare. En fait le problème, c’est que le framerate n’est pas capé à 30fps. Il est libre et fluctue entre 30 et 60 fps et les chutes se ressentent bien. Mais ce qui choc, c’est que rien ne bouge. Les tournesols dans les champs sont figés. Tout est cloué au sol. Encore heureux que la rivière coule. Les fleurs et les branches d’arbres se balancent et ils ont mis des papillons pour donner un peu plus de vie. Par contre, il n’y a aucune interaction avec les décors. Pas de physique, rien. On visite une maquette pratiquement inerte. Ryo ne peut rien bousculer. Et c’est monstre dommage, car on a envie de visiter et habiter cette petite région de Chine reculée. Les objets et, surtout, les pnj s’affichent à l’écran très tard. Il arrive d’entrer dans un magasin et le vendeur apparait 3, 4 secondes après, comme par magie. Les moines qui s’entrainent à Niaowu popent à l’écran pratiquement sous nos pieds. C’est fou. Il y a de sérieux problèmes d’affichage. Après, les environnements sont plutôt grands. Très jolie artistiquement, les zones sont reliées entre-elles sans chargements et ça c’est beaucoup plus agréable pour la fluidité du gameplay. Ne pas être interrompue toutes les 30 secondes par un mini chargements de zones, c’est une des plus grandes améliorations dans ce Shenmue. On va d’un bout à l’autre de la carte sans coupures. Ainsi que pour les magasins. On y rentre seamlessly. Ça, c’est très bien.

Mais il y a encore plein d’autres mini chargements dans le jeu qui finiront par en énerver plus d’un. Par exemple, dans la maison de Shenhua, où Ryo dort. Il doit retirer ses chaussures pour aller dans le salon/salle à manger. Il y a une marche à franchir. Du coup, chargement, animation de Ryo qui retire ses chaussures, chargement, puis ensuite il y est. Pour en ressortir, idem, chargement, animation de Ryo qui remet ses chaussures, chargement et c’est reparti. Pour dormir pareil, pour les jeux et les activités, idem. C’est un peu lourd.

C’est rempli de petites animations dans le jeu qui, certes, ajoutent de la crédibilité et de véracité au jeu pour nous immerger dans son univers, mais 15x la même animation chaque matin au départ de Ryo avec Shenhua qui lui dit au revoir, c’est lourd, on a compris. C’est sympa la première fois, pas de soucis, c’est même très bien, mais après faut lâcher l’affaire. Ou varier avec 2 ou 3 itérations différentes.

Les dialogues avec les commerçants. Ce n’est pas obligatoire de nous refaire tout le speech à chaque fois pour acheter 3 pommes. Alors on peut accélérer les dialogues déjà lu d’un commerçant. Et ça c’est très bien, ils y ont pensé. Mais le problème, c’est que cela ne fonctionne qu’une journée. Le lendemain faudra refaire le même dialogue inutile comme une première fois sans pouvoir skipper.

Et les dialogues sont lents et pompeux, c’est terrible. On dirait que ça a été écrit par Azoulay productions (Hélène et les garçons) ou par les auteurs des Feux de l’amour. Ils répètent tout, tout le temps ce que l’autre dit comme des perroquets. Genre : »Bienvenue à la boutique de pêche. Nous louons des cannes et des hameçons pour la pêche. », Ryo: « Ah vous louez des cannes et des hameçons pour la pêche ». Et ç’est tout le temps comme ça et c’est énervant comme ça n’avance pas.

Ensuite, parlons du scénario. Il faut déjà savoir que le jeu reprend directement après les événements de Shenmue 2. Alors, ça, c’est bien. C’est raccord avec l’avancée technologique du jeu et l’avancé chronologique du jeu. Aucune. Je rigole. Bref, Ryo cherche toujours à venger son père assassiné par Lan Di. Il se trouve toujours en Chine après son périple à Hong-Kong. Il est à Buita dans la région montagneuse de Guilin. Le père de Shenhua, son amie qu’il a sauvé des eaux, a été enlevé par des hommes étranges. Ryo et Shenhua vont interroger les villageois pour tenter de le retrouver. Le mystère des miroirs du dragon et du phénix est toujours bien présent. Les tailleurs de pierres se font enlever les uns après les autres. Ryo sent que tout ça à rapport avec les miroirs et que ça le mènera à Lan Di. Après la campagne à Buita, Ryo se rendra, dans une seconde partie du jeu, dans une ville portuaire pour continuer son aventure. Niaowu est plutôt grande et jolies avec de magnifiques temples. C’est beaucoup plus beau esthétiquement que Hong-Kong dans le 2.

Le développement des personnages n’avance pas énormément. On en apprend un peu plus sur Ryo, Shenmua, mais pas grand-chose et sur le passé du père de Ryo, mais en ce qui concerne les autres personnages, c’est peau de chagrin. On a un peu de la peine à avoir de l’intérêt pour les personnages secondaire que l’on survole de manière superficielle. On est loin d’une bande soudée à laquelle on tient. Et il est difficile d’apprécier des personnages qui ne font que mépriser Ryo ou lui mettre des bâtons dans les roues gratuitement dans sa quête alors qu’il y a des gens qui se font enlever, mais c’est plus important de le faire attraper des poulets plutôt que l’aider directement. Chai, le Gollum de Shenmue, est de retour. On ne sait pas vraiment pourquoi. Il ne sert à rien. Il est là, pour être là. Et c’est peut-être ça le souci. On suit une checklist d’éléments à mettre pour faire du fan service, sans se préoccuper de la pertinence des choses. Il reste le coté contemplatif, ok. Il y a de très jolis plans. Marcher avec le soleil cochant avec l’arbre Shenmue en arrière-plan. C’est magnifique. Mais le côté poétique, que beaucoup revendiquent, il faudra me l’expliquer. Ce n’est ni triste, ni mélancolique. Il n’y pas vraiment de romance, ni de dialogue fort, ni de scène mémorable. C’est très plat au final. Les personnages sont creux. Les dialogues sont niais. Sérieux à part un peu la musique traditionnelle et quelques jolis panoramas, c’est très moyen. On a vu beaucoup mieux durant les 10 dernières années.

Le jeu manque aussi cruellement d’humour. Tout est au premier degré. C’est déprimant. Un peu de folie ou une petite blague de temps à autres ça n’aurait pas fait de mal. Ben non, tout est sérieux. Alors, il y a quelques tentatives, mais ça tombe à plat. Bref, on ne se bidonne pas dans Shenmue 3.

Alors, on va mettre les choses claires tout de suite et ça a été dit avant la sortie du jeu. Shenmue 3 n’est pas la fin de la saga et de l’histoire. Alors, on attend 18 ans et ça se termine même pas. Au contraire, on avance que très légèrement dans le scénario. On apprend quelques trucs, mais bon. C’est presque un épisode filler. Histoire de remplir les caisses et investir dans un vrai Shenmue 4. C’est complétement fou. Le scénario n’est pas très long globalement, mais le chemin pour le traverser l’est. Ça n’avance pas. Ryo est niais. Il dit toujours : « Je vois, je vois », mais il ne comprend pas grand-chose pour faire avancer les choses. Il se fait marcher sur les pieds par tout le monde qui lui demande des services n’importe nawak en temps de crise et lui il accepte. « Je vais aller chercher des objets inutiles pour obtenir la direction du sanctuaire, alors que m’a copine a été enlevée… ». On peut attendre encore 2 jours, il n’y a rien là.

Ah et impossible de gagner du temps en allant directement à la destination. Ryo reviendra en arrière comme s’il y avait un mur invisible. Si, par exemple, vous chercher un endroit spécifique pour pratiquer le kung-fu et que le jeu veut que vous visitiez tous les autres sites avant, il faudra y aller les uns après les autres pour que le scénario continue. Alors déjà, faut chercher, mais ensuite faut y aller et le nombre d’aller-retours est impressionnant. Et il faut faire attention au couvre-feu.

Le temps passe dans Shenmue. On se lève à 8h du matin et il faut accomplir ses tâches durant la journée jusqu’à 19h. Après, on peut encore poireauté jusqu’à 21h, mais ensuite, on rentre à la maison et au dodo. On peut parler avec Shenhua jusqu’à 23h. Et c’est parfois intéressant. On en apprend plus sur les personnages.

Très bonne chose, les contraintes de temps avec des rendez-vous à des heures spécifiques, c’est toujours un peu présent, mais beaucoup moins désagréable qu’auparavant. Il y a la possibilité de jumper directement au rendez-vous sans attendre (déjà présente dans le 2). Mais surtout, il n’y en a pas trop, ou c’est beaucoup plus souple avec moins de temps d’attente. Pour la progression et la perception, c’est beaucoup plus agréable. On fait plus ce que l’on veut quand on veut. Et il y a plus de chose à faire comme des missions secondaires.

Et du temps pour les à-côtés, il en faudra. Ryo aura besoin de s’entrainer sans relâche. Il devra améliorer son niveau de kung-fu. Pour cela il devra effectuer des entrainements de techniques de combat et des exercices d’endurance. Afin de maitriser des techniques de kung-fu, Ryo devra répéter et répéter les mêmes coups encore et encore. Chaque nouvelle technique est issue d’un manuscrit qu’il devra trouver, acheter ou gagner. Pour la résistance, qui est aussi les points de vie (PV) de Ryo, il faudra être patient. Il y a 3 types d’exercices avec 7 niveaux à maitriser divisés en 10 sous-niveaux. Il y a la position du cheval, le one inch punch, et le pas du coq. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant, mais pour gagner des points d’endurance, ça vaut le coup. Et il n’y a pas vraiment le choix.

Après, il y a les jeux d’arcades, qui sont des QTE comme dans les anciens. Ça ne sert pas à grand-chose, mais c’est là. Le jeu Chobu Chan Fighter est rigolo. C’est un Virtua Fighter modifié. Mais on est loin des salles d’arcades des jeux Yakuza. En parlant de QTE, le jeu en est moins fourni. Il y en a dans les courses poursuites, certaines cinématiques et les jeux. Cependant, c’est plus rare et moins énervant lorsque ça arrive, car c’est moins fréquent. Shenmue 3 n’est pas un jeu QTE et ça s’est un plus.

Il y a aussi les jeux d’argents et les gachapons. De l’argent dans le jeu, il en faudra. Il en faudra même beaucoup. Pour s’en faire un peu, il y a les petits boulots comme couper du bois, ramasser des plantes ou pêcher. C’est simple et ça rapporte un peu d’oseille. Ça suffira pour payer les fruits et légumes pour se remettre des PV et acheter 2, 3 petits trucs. Mais si vous avez déjà jouer à un Shenmue, vous savez qu’il y a beaucoup de choses qui peuvent être achetées, mais surtout qu’à un certain moment dans le jeu, un pnj vous demandera de dépenser une somme astronomique pour, encore une fois, rallonger la durée de vie du scénario. Du coup, il faudra se faire de la thune rapidement et ce n’est pas en coupant du bois que l’on deviendra riche. On peut aller cueillir des plantes et les vendre. Collectionner les figurines des gachapons et les vendre ou jouer aux jeux de chances aux casinos. Misez correctement et votre fortune sera faite. Avec les conseils des voyants, la chance sourie beaucoup plus vite… Mais dans tous les cas, c’est un frein scénaristique pénible et maladroit bien connu de la série.

Shenmue 3 est un jeu beaucoup plus facile à s’orienter et à savoir où aller que ses prédécesseurs. On est toujours un peu perdu au départ, mais on prend vite ses marques et on sait où on va. Il faut toujours un peu chercher, mais les indications sont beaucoup plus claires. Les pnj nous indiques la direction à prendre. Ryo pose plus les bonnes questions et les pnj répondent des choses utiles. Ce qui n’était pas forcément le cas dans les précédents Shenmue. Il y a beaucoup plus de lignes de dialogue par pnj. Le carnet de Ryo est plus lisible et on nous répète 15x ce qu’il faut faire ou aller.

Les combats ne sont pas hyper intéressants, mais c’est un peu moins mou. On sent un peu plus d’impact dans les coups. C’est un peu plus fluide. Il est préférable d’avoir pas mal de PV et de connaitre les coups (techniques) pour surprendre l’adversaire et casser sa garde. Si les premiers combats sont simples, il suffit de bourriner, les combattants plus élevés se défendront mieux et il faudra varier les attaques.

De bonnes surprises attendent les joueurs. Yu Suzuki et son équipe leur font un beau cadeau avec le temple Save Shenmue dans la ville de Niaowu. C’est un temple dédié aux backers avec des statues de Yu, des personnages et objets emblématique de Shenmue, mais surtout des tableaux avec des photos des backers (ceux qui ont payé une certaine somme). Ryo fait même une petite dédicace audio personnalisée pour chaque photo. Il y a aussi dans la chambre d’hôtel de Ryo, le livre d’or avec des messages des joueurs, dont certains en français. Et il y en a d’autres encore à découvrir. C’est vraiment sympa de leur part et d’autres jeux financés par des backers devraient s’en inspirer.

Il n’empêche que j’ai passé de bons moments tout de même avec ce Shenmue 3. Plus qu’avec le 1 et le 2, en tout cas. Mais le regard et les attentes ne sont plus les mêmes. L’immersion dans l’univers est là, et la magie est encore un peu là, mais disparait de plus en plus. Tout n’est pas parfait et c’est peu de le dire. Mais on se prend quand même au jeu et la routine s’installe. L’immersion est réussie. Les environnements sont beaux et dépaysant. C’est un voyage particulier. On va parler aux gens, on achète des fruits pour avoir l’énergie nécessaire pour faire ses exercices. On passe sa journée et on recommence. L’aventure dure entre 25 et 30 heures. Les premières heures sont bonnes. On découvre. On explore et on contemple. Parce que c’est tout de même assez joli la campagne chinoise. Artistiquement, il y a une patte indéniable. On est un peu perdu, mais après on prend ses marques et on devient maitre de son environnement. C’est un jeu chill. Mais ça ne pardonne pas tout. Bon, le gros souci, déjà, c’est que cela n’avance pas scénaristiquement. Le rythme est lent. On prend son temps. Donc, chill, oui, mais on s’énerve un peu quand même. Faudrait un peu avancer et nous donner quelque chose de neuf à croquer plutôt que toujours les mêmes ficelles qui se répètent. En plus, dans les dernières heures des chapitres, on s’énerve un peu plus. Elles sont pénibles et laborieuses. Forcer à faire les exercices et trouver plusieurs milliers de yuans pour continuer faut oser. Ça passait déjà mal avant, c’est pire aujourd’hui.

Au final, je me rends compte que c’est un peu mieux si, un peu mieux ça, et qu’au final c’est un Shenmue classique, mais un peu mieux globalement et qui, à mon sens, aurait dû sortir 4 ou 6 ans après Shenmue 2, pas 18 ans après. Ou alors le sortir en 2019, certes, mais aux standards d’aujourd’hui. Et je ne parle pas que des graphismes. C’est ce qui s’en sort presque le mieux après la bande-son. Tout est daté. Le gameplay est rigide et vieillot. Le rythme est trop lent. Les animations sont archaïques. Les interactions avec l’environnement sont quasiment inexistantes. Il n’y a eu que très peu de travail sur l’interface et l’ergonomie général du jeu. On notera l’interface et les sous-titres en français. Ça c’est bien. On peut choisir les voix en japonais ou en anglais. La version anglaise étant de la même trempe que les précédents, mieux vaut opter pour la VO japonaise. Les cinématiques sont surcoupées. On voit souvent la transition entre deux lignes de dialogue quand le plan ne change pas. C’est mis bout à bout. C’est fou de voir ça de nos jours. Niveau scénario et écriture, ce n’est vraiment pas incroyable. C’est lent, simpliste et ça se répète tout le temps. Quand on voit la mise en scène et l’écriture de certains titres de ces 15 dernières années, et je ne parle pas que des triples A, c’est un peu triste quand c’est supposé être une force du jeu. C’est bourré d’inepties scénaristiques pour allonger la sauce artificiellement, s’en est parfois pénible. Et surtout, le scénario n’avance pas beaucoup et est pauvre en révélations. Il faudra attendre un éventuel Shenmue 4, 5, 6 ou 12 pour en voir le bout à cette vitesse. On aura tous 200 ans d’ici là. Shenmue 3 est jeu très moyen qui est figé dans le temps en 2001 et ça ne plaira pas à tout le monde. Les fans invétérés qui veulent du Shenmue original comme il y a 20 ans seront servi. C’est exactement ça qu’ils auront avec quelques améliorations. C’est fan service à 200%. Par contre, ceux qui en espérait plus avec un Shenmue révolutionnaire comme ce fut le cas à l’époque lors de sa sortie en 1999 seront déçus. On n’y est pas. Il n’y a plus rien de révolutionnaire aujourd’hui, bien au contraire. C’est limite rétro. Ceux qui espéraient simplement un nouveau Shenmue à la sauce 2019, moderne avec un gameplay revu, plus fluide, plus généreux, des innovations et des mécaniques mieux pensées, seront aussi déçus. Car ce n’est pas le cas. Ce ne sera pas pour Shenmue 3. C’est du Shenmue classique, point. C’est un peu mieux que ses prédécesseurs, mais pas assez pour crier au chef d’œuvre en 2019, comme beaucoup l’espérait. Vous êtes avertis.

Les plus :

  • Enfin une suite après 18 ans d’attente
  • L’ambiance et le feeling Shenmue bien présent
  • Des environnements plutôt jolis artistiquement
  • La bande-son réussie globalement
  • Un univers qui donne envie de s’y jeter
  • De plus grandes zones à explorer sans chargement
  • Les hommages aux backers de kickstarter
  • Moins de QTE qu’auparavant
  • Un peu plus simple et accessible à prendre en main
  • Les contraintes de temps réduites et mieux gérées
  • Progression plus claire (orientation, objectif, …)
  • L’interface et les sous-titres FR
  • Les sensations de combats améliorées
  • Le récapitulatif du 1 et 2 en cinématique.

Les moins :

  • Tout est techniquement daté (gameplay, animations, cutscenes, interactions, …)
  • Pas beaucoup d’avancés niveau gameplay
  • Un gameplay et une interface d’un autre temps
  • Le rythme général beaucoup trop lent
  • Le scénario n’avance pas beaucoup et pas ouf
  • Des décors un peu vides et inertes
  • Les freins scénaristiques faciles, fastidieux et répétitif et malheureusement prévisible
  • Les dialogues souvent lourds, longs, inutiles qui se répètent et non-skippable
  • Le jeu plat des acteurs
  • Beaucoup d’aller-retours
  • Les entrainements longs, ennuyeux
  • Obligation de gagner beaucoup d’argent pour avancer
  • Des personnages globalement osef
  • Aucun humour dans le jeu mise à part 2-3 essais ratés
  • Un jeu qui aurait dû sortir en 2005, mais en Full HD
  • Est-ce qu’on attend encore un Shenmue 4 du coup ? arf…oui, quand même un peu.


Editeur : Deep Silver
Développeur : Ys Net & Shibuya Production
Date de sortie : 19 novembre 2019
Plateformes : PS4 et PC

Genre : Aventure

Shenmue 3
3.0Note Finale

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.