Ma Zad

Une couverture qui tire l’œil grâce au nom de l’auteur – couleur opérateur téléphonique – en gros caractères. Un retour en Série Noire et toujours le même plaisir de lecture chez ceux qui connaissent et suivent. Pour les autres, c’est le moment de découvrir. On notera tout de suite, qu’à l’instar du grand San Antonio/Dard, Pouy interpelle lui aussi le lecteur en lui proposant des références et des vrais morceaux d’humour – regardez bien aux pages 34/35 il y a trois romans d’un certain Bison Ravi* qui sont cités.

Les amateurs de Jean-Patrick Manchette connaissent bien le procédé : vous prenez un individu jusque-là gentiment en marge, juste un peu différent et en lui infligeant des brimades plus ou moins justifiées vous en faites un brûlot, un tueur. Ici, il s’appelle Camille Destroit, la quarantaine, héritier d’une fermette, il est responsable des achats au rayon frais d’un hypermarché, il alimente en nourriture et en palette de bois la Zad qui résiste à l’implantation d’un autre centre commercial. Interpellé par la police et relâché le lendemain, en rentrant chez lui il découvre sa grange en cendres et son employeur le licencie. Et, après un petit séjour en Bretagne, tout s’enchaîne. Il va de soi que je ne vous raconterai pas la fin mais il est facile de la deviner et l’on sait très bien qu’elle n’a pas vraiment d’importance… Ce qui compte c’est évidemment la façon dont l’auteur nous y amène. Avec Jean-Bernard Pouy il faut s’attendre à tout. Et au moins à une double piste. La piste psychologique : l’évolution du personnage en fonction des découvertes qu’il fait et la piste matérielle, ce que lui propose le monde autour de lui. Et l’on sait que le monde n’est pas tendre. Heureusement il nous reste l’humour, noir de préférence, en deuil du bonheur… Et là Pouy s’en donne à cœur joie, impliquant discrètement l’actualité au passage… et me donnant l’occasion de le citer. « Le monde moderne se réduirait curieusement à deux cocktails : le mojito, qui envahit les after hours, et le molotov, qui règne sur nos rues sombres. »

On notera que, comme dans « La belle de Fontenay » du même auteur, Camille Destroit a des problèmes auditifs.

Bonne lecture.

* tout le monde, j’espère, a pensé et reconnu Boris Vian

Ma Zad
Auteur : Jean-Bernard Pouy
Editeur : Gallimard
Collection : Série Noire

www.gallimard.fr

Ma Zad
5.0Note Finale

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