Sauf erreur de ma part, je vous ai déjà parlé de la prose de Joann Sfar, il me reste à vous parler de son cinéma (on attendra un prochain film surtout si l’on a aimé : Gainsbourg (vie héroïque)) parce que là il est question de BD… 288 pages au format – ou presque – carnet de croquis.
Du dessin comme je l’aime, qui réclame l’attention du lecteur pour deux raisons. Et la première pose une question. Cela semble mal dessiné, trop de hachures, trop de tremblé, décors succincts et on lui cherche des ‘maîtres’ (Reiser et George Herriman par exemple ou d’autres comme les deux cités avec humour page 61) mais on n’en trouve aucun dont on puisse être sûr. Force est donc de constater que Sfar a un style qui n’appartient qu’à lui. Ensuite au bout de quelques pages on se rend compte qu’on lit le dessin comme s’il s’agissait d’un dessin réaliste bourré d’authenticité. Et c’est là qu’un détail vient vous dire attention aux petites ‘touches’ qui apportent une précision ou font sourire. Comme cette étiquette de bouteille d’anisette Phénix portant la mention ‘Le Chat sans phosphates’ page 6 qui devrait rappeler certaine publicité TV pour une lessive… ou le commentaire au bas de la page 51 à propos d’un spot TV. C’est cette demande d’attention qui permet de suivre l’histoire d’un certain Sfar originaire de Nice. Juif, marié, ex-taxi parisien qu’un flic charge de convoyer du liquide jusqu’à Nice. Juif pétri de religion mais s’accommodant avec les interdits et toujours prêts à se battre. Une traversée de la France riche en anecdotes et en événements qui mêle sans vergogne religion et politique.
Là j’ai trouvé un maître… Cette histoire est comme un écho des polars de Jean-Patrick Manchette où le ‘héros’ doit concilier son passé et son présent pour échapper au ‘fatum’. Attention ! Comme il faut tout regarder il faut tout lire. Sinon l’accident final n’est pas compréhensible. On proposera une lecture lente : arrêt après chaque chapitre…
Bonne lecture.
Riviera
Scénario & dessins : Joann Sfar
Editeur : Sonatine
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