En fonction de mon goût – dont on est prié de ne pas disputer/discuter – et de ma lecture je prends sur moi de vous dire que l’illustration de couverture est subtile et juste. Et que vous aurez entre les mains un livre exigeant. Je veux dire un livre qui ne se lit pas d’un œil distrait. D’abord à cause du style que je dirais ‘impressionniste’. A la manière des peintres qui font jaillir l’impression qu’ils veulent nous faire ressentir en accumulant les touches de couleurs, comme des mots. Là il me semble que nous partageons l’impression de celui qui parle et raconte tout simplement parce qu’il nous raconte ce que sont les autres autour de lui. Ensuite à cause de ce qui est dit. Imaginez quelqu’un qui revient sur les lieux de son enfance et qui guette les traces, les lieux qu’il peut reconnaître. Quelqu’un qui a vécu deux grands moments importants avec son ami d’enfance, Vito. Vito le souple, le mince, le grand opposé à lui. Le premier de ces moments est le sauvetage des têtards. Trouvés dans une flaque et transportés dans des bocaux jusqu’à l’étang, dans une course échevelée. Le second est l’ascension d’une falaise de grès pour atteindre un ‘fort imaginaire’ qui domine la vallée de l’Elbe et la ville, qui n’en est pas une, de celui qui raconte. Le narrateur s’imaginait que Vito ferait la grimpette en premier, mais le compère le pousse à partir d’abord et il parvient au sommet… Quand c’est au tour de Vito il chute. Aujourd’hui celui qui raconte est marié à Christina et ils ont une fille : la Petite. Et son va-et-vient entre passé et présent se trouble de la présence de néo-nazis. Vito s’occupe en sculptant de petits animaux en bois. Une dernière touche avant de vous laisser découvrir ce petit monde qui n’est pas si petit… Vous trouverez sans doute certains passages d’une grande facilité de lecture, du genre que l’on dévore emporté par le récit et à d’autres votre lecture sera plus lente, méfiez-vous de ces ruptures de rythme, elles tiennent plus de la volonté de l’auteur que de votre entrain.
Bonne lecture.
Presque étranger pourtant
Auteur : Thilo Krause
Editeur : Zoé
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