Prix Jean Anglade du premier roman. Je rappelle que ce prix est décerné sur manuscrit. Et cette fois je me dois de souligner la finesse et la beauté de l’illustration de couverture qui devrait tirer l’œil.
L’histoire se déroule en Savoie à la fin du XXème siècle où les temps forts agricoles rythment encore la vie des gens attachés à leur terre. Si les vieux et leurs souvenirs se racontent toujours, les jeunes, eux, avec leur âge sans pitié – ils n’ont pas appris la retenue et le respect – ont trouvé une souffre-douleur : la petite. Au fil de récits entrecroisés, les histoires de Jean et de sa sœur Ophélie, la petite, vont remonter à la surface de la vie. Les parents de Jean et son frère sont morts dans un accident de voiture qui l’a laissé vivre. La mère d’Ophélie est morte en couche. Ainsi en apprenant par bribes la vie de la famille ainsi que celle des voisins manifestement détestés on comprendra l’attitude de Jean à l’égard d’Ophélie, même si lui n’en connait pas la raison (sauf à tenir les filles à l’écart).
On sent bien qu’il s’agit d’un premier roman où la volonté de bien faire et une poésie certaine ne suffisent pas toujours à dynamiser la lecture, mais on retiendra – et c’est je pense important – le subtil mélange entre le passé qui s’estompe, resurgit, s’entretient et l’intrusion du présent dévoreur de temps sous prétexte de modernité. On notera que l’auteure est née dans le dernier quart du XXème siècle dans la région dont elle parle, on soupçonnera donc une part de vécu dans ce qui est raconté. Cela donne à ce roman un caractère de témoignage qui le fait aller bien au-delà d’une certaine nostalgie pour faire contraste avec notre époque. Enfin j’ajoute que les « sentiments » de Jean et d’Ophélie me paraissent justes et finement observés.
Je conseillerai une lecture lente, presque hachée, pour s’imprégner de l’ambiance. Oui ! Celle qui transparaît dans l’illustration en couverture.
Bonne lecture.
La petite
Auteure : Sarah Perret
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France
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