Coupable en toute innocence

Un sous-titre : j’ai grandi parmi les néonazis et la photo de la petite fille que fut Heidi en couverture.

Il me semble que pour ce qui est des idéologies – quelles qu’elles soient – soit on y adhère après réflexion, soit on nous les impose d’une manière ou d’une autre. On imagine que la manière d’imposer manie intelligemment la douceur, la violence et un certain isolement. Heidi précise : « J’ai passé les dix-huit premières années de ma vie avec des nazis. Rien qu’avec eux. J’ai été élevée, préparée à la vie, harcelée, complimentée, récompensée par eux. Je ne connaissais personne d’autre : mes grands-parents, mon père, les amis de mon père, les enfants avec qui je passais mes vacances, ma première bande, mon premier copain et même l’homme avec qui je suis mariée aujourd’hui – tous étaient nazis. Plus ou moins radicaux, souvent violents, quelquefois déjà condamnés. » Mais je m’aperçois que je ne vous ai pas encore dit qu’Heidi est née en 1993 près de Munich (en Bavière) et que ce qu’elle raconte de sa vie a été publié en Allemagne en 2017. Ce n’est qu’en 2011 avec la découverte de crimes xénophobes commis par des terroristes néonazis qu’Heidi et son mari vont se remettre en cause. Comme elle dit : « Je ne me suis pas réveillée un beau matin en me disant à partir d’aujourd’hui je ne suis plus nazie… J’étais si engluée dans ce monde parallèle que j’ai mis longtemps à m’en extirper. Ça a été un cheminement douloureux, qui m’a pris des années. » Et cela ne peut être qu’indéniable… Mais ce qu’elle dit soulève à mon avis deux questions : comment une telle idéologie peut-elle perdurer ? Comment peut-on vivre et faire vivre de cette façon en Allemagne aujourd’hui même en assouplissant les règles ?

Heidi a 25 ans, un mari, un fils et elle aime son métier d’éducatrice dans un jardin d’enfants. Elle se félicite de passer inaperçue dans la rue…

Bonne lecture lente et réfléchie.

Coupable en toute innocence
Auteure : Heidi Benneckenstein
Editeur : Liana Levi