Conte des cinq sens

Avec pour mon goût une fort belle illustration de couverture en accord avec le texte et intrigante. C’est un de ces livres courts qui semblent faits pour vous inciter à prendre le train pour un trajet du temps de leur lecture, qui vous emportent. Mais je me permettrai de regretter que l’auteur nous signale, dans sa page ‘bibliographie sélective’, les écrivains et poètes qui ont pu l’inspirer comme si nous n’étions pas capables de les découvrir seuls. Le roman se découpe en six chapitres et un épilogue mais la table des matières montre une particularité surprenante. Je ne saurais trop vous conseiller de lire en suivant la pagination plus que l’ordre des chapitres. Cela commence par un matricule et se poursuit par une chaîne de cinq prénoms qui renvoient à des dates entre 1867 et 2055. Chaque prénom renvoie à un sens. J’ai pour ma part été très touché par l’histoire de Peter à l’odorat très développé – parce que le traitement du sens est réussi et parce que l’explication de son point de départ est crédible – et par celle d’Emily qui ne supporte pas le bruit – parce qu’il me semble que son comportement est vraisemblable. Pour ce qui est de l’épilogue qui boucle l’histoire, il offre une fin ouverte, mais c’est vous lecteur.ice.s qui décidez de la trouver optimiste ou pessimiste.

Mis à part quelques passages où l’écriture perd – à mes yeux – un peu de sa densité, on ne s’ennuie pas tant le mélange de certains éléments du fantastique et de certains de science-fiction est réussi, tant le liant – notre présent, nos sens – lie cette sauce pour lui donner du goût. Il va de soi qu’il y a là un auteur à suivre. Le chapitre VI s’ouvre sur une citation de Rimbaud extraite d’une correspondance à sa famille et l’on trouve dans l’épilogue la phrase suivante : « La stase  dura   une   éternité » (en respectant la typographie) et vous vous souvenez de ce que Rimbaud dit de l’éternité…

Bonne lecture.

Conte des cinq sens
Auteur : Emmanuel Brière Le Moan
Editeur : Flatland

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