Bleu, comme la glaise

Bleu, comme la glaise

Prenez le temps de bien regarder l’illustration de couverture… Ceux qui en ont reconnu l’auteur seront sans doute – j’espère – d’accord avec moi pour trouver que Nicolas de Staël est un des rares peintres abstraits à bien rendre la Provence… Et je pense à celle qui est présentée dans ce drôle de livre qui n’est ni un roman, ni un essai. On dira qu’il pourrait être un récit autobiographique…

Mais c’est d’abord, je crois, un récit qui raconte ce que j’appellerais une sensualité intellectuelle… Cette façon de parler des choses et des êtres lorsque l’on n’a pas encore assez de mots ou les mots précis qui pourraient traduire ce que l’on éprouve et que l’on va piocher dans l’œuvre des autres les phrases toutes faites qui nous paraissent correspondre ou s’approcher de ce que l’on ressent. Suis-je clair ? Disons que simplement on trouve à certaines chansons les mots qui nous manquent… Voir le film d’Alain Resnais « On connaît la chanson ».

Laure Fardoulis raconte sa « jeunesse » dans les étés du Lubéron au début des années cinquante. La bande du village d’Oppède, la maison en ruine retapée par son père et les amis de passage, Rodolphe le chef de bande, ses lectures de Jacques le Fataliste, ce que Rodolphe a vu et lu dans Pasolini, des bribes de ce que son père a écrit, ce que le temps nous laisse en mémoire comme une écume, ce que le temps modifie ou efface.

Un texte à lire à votre rythme, au gré de vos humeurs. Un texte qui apaise parce qu’on y prend un plaisir à lire. Vous savez cette sensation double qui naît du texte et de l’impression que l’on a d’en voir les ressorts, la construction, le fait et l’art du faire… Peut-être aurez-vous comme moi des souvenirs non de Sologne mais de Meaulnes qui se glisseront dans votre lecture et noterez-vous que l’auteure joue beaucoup avec le mot « pureté » ?

Bonne lecture.

Bleu, comme la glaise
Auteure : Laure Fardoulis
Editeur : Maurice Nadeau

http://www.quinzaine-litteraire.presse.fr/catalogue-nadeau.php