Un livre fort intéressant et qui devrait toucher un lectorat plus large que celui du milieu étudiant en lettres. Pourquoi ? Parce que l’on connaît fort mal Sade (1740-1814). J’oserai dire que tant que l’on y cherche du sadisme et du sexe on le lit mal. Il faut y chercher du libertinage. C’est-à-dire une recherche de liberté en opposition à l’Église de son temps, au Dieu du dix huitième siècle. Il serait bon, et ce livre le permet, que l’on considère Sade autrement.

On constatera que Jacques Ravenne découpe la vie du Marquis en tranches qu’il illustre par une à deux lettres par année de la tranche. Il date sa première tranche des dix-huit ans de Sade et sa dernière correspond aux treize dernières années de sa vie. Ainsi la correspondance couvre de 1758 à 1811. Et l’on découvre un Sade malmené par l’administration royale et quelques personnages haut placés, une partie de sa belle-famille. Et bien sûr il y a à cela quelques raisons. Sade est un dévergondé, un menteur, un séducteur, un théâtral. Quelqu’un qui tâche de vivre selon ses règles et ses principes. Et c’est un personnage attachant, ses lettres (bien choisies) donnent envie de le défendre contre une forme d’obscurantisme.

Personnellement je ne saurai trop vous recommander de lire ce livre, de lire ou de regarder le « Marat-Sade » de Peter Weiss (ou la version cinéma de Peter Brook), la pièce de Mishima « Madame de Sade » et le film d’animation de Roland Topor et Henri Xhonneux « Marquis » avant de vous aventurer dans l’œuvre du Marquis. Et quand vous l’aborderez, surtout ne vous attendez pas à la lecture d’Emmanuelle ou d’Histoire d’O, vous seriez déçus.

Bonnes lectures.

[Noé Gaillard]

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