Je n’aime pas trop l’illustration de couverture mais elle me semble dans le droit fil du contenu alors ma réflexion devient anecdotique. Il existe pour moi trois sortes de bons livres. Ceux qui vous font découvrir quelque chose, qui vous nourrissent. Ceux qui vous rappellent avec plaisir vos plaisirs de lectures d’avant. Ceux enfin qui mélangent les deux premiers et sont peut-être les plus rares.
Là nous sommes en présence de trois récits distincts dont le lien de parenté est le style et une certaine outrance. Le premier intitulé Les nerfs raconte la dérive d’une justicière et d’un ‘innocent’. Le second qui a pour titre Dans le cube retrace la vie d’un individu baladé par la vie, alcoolique et un peu Étranger au monde (la majuscule est pour indiquer la référence au roman de Camus). Le dernier titré Debernaz raconte la paranoïa d’un individu dont le chien est mort dans l’incendie de sa maison.
On pourrait résumer l’ensemble sous l’appellation ‘Trilogie noire’ et là les amateurs de RomPol. (abréviation pour Roman policier) sourient, ils se souviennent d’un certain Léo Malet (inventeur de Nestor Burma) qui signa les romans constitutifs de cette trilogie. Je pense que David Sillanoli s’inscrit dans une lignée qui irait de Malet à Joël Houssin (inventeur du Doberman) en passant par Audiard, Siniac et Manchette. Ne vous étonnez pas de l’absence de Frédéric Dard, s’il invente une langue il ne parle pas de la ‘Noirceur’ du monde. Vous allez me dire que Sillanoli fait donc dans l’exercice de style. Peut-être ! Mais alors il fait bien ! Car au détour de certaines phrases que vous reconnaitrez, il glisse, mine de rien, un avis, une remarque qui sentent l’avis personnel original. Vous réclamez un échantillon, une citation. Je vous offre une image en trois mots extraite de Les nerfs, elle m’a tiré l’œil plus qu’une longue et lente description : « la plaie bée » et vient de me rappeler un certain Alain Bashung qui jouait en anglais avec les blessures.
Bonne lecture lente…
Protocole commotion
Auteur : David Sillanoli
Editeur : Flatland
Collection : La tangente
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