Et bien pour une fois je ne me plaindrai pas de l’introduction signée Marc Atallah. Elle ne donne pas à lire des extraits de ce qui suit et établit un distinguo intéressant entre Science-fiction et Anticipation et donne envie de lire.
Si l’auteur n’était Ramuz, je me serais bougrement méfié de ce titre. Mais, la curiosité aidant, je n’ai pas hésité. L’argument de départ est que, suite à un dérèglement du cours des planètes, la Terre se rapproche du soleil… Et Ramuz imagine les conséquences de cet état de fait. Au lieu de nous raconter l’histoire d’un héros subissant l’épreuve et témoignant, il dit ce qui est visible et comment c’est perçu. Il nous parle donc des sensations ressenties puis, au fur et à mesure que le phénomène chaleur plus sécheresse s’accentue, du comportement des hommes. Je vous ai signalé il y a peu l’humour de Ramuz, je crois qu’on le retrouve ici dans la séquence de la banque, accentué par un côté qui se veut réaliste. Il oppose un comportement individuel (Je et Il) au comportement collectif et bien sûr appuie sur ce dernier quand il s’agit de pillage et de violence. Et comme pour souligner notre attitude il signale ce qu’il advient de la nature, des animaux d’élevage et des constructions humaines. Mais, vous vous en doutez, ses observations ne dépassent guère la ville imaginaire (des notes nous disent sa ressemblance avec Lausanne) et le village qu’il a inventé. C’est à mes yeux fort juste et je crois même que l’humour renforce cette ‘justesse’. Je crois avoir trouvé trois lignes qui rappellent un tableau célèbre de Pieter Bruegel, La chute d’Icare… : « L’eau s’élève pour un instant, tout autour du point de chute ; – elle est retombée ; elle s’est refermée… ». Difficile de mieux dire un instant d’éternité… Allez regarder le tableau, par curiosité.
Un Ramuz à lire lentement, morceau par morceau, pour éviter un certain ronron empêcheur de réflexion.
Bonne lecture.
Présence de la mort
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
Collection : Poche
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