La voix du feu
Si je ne craignais que vous m’en fassiez le reproche je vous proposerais de ne prendre que ce livre à lire pendant les vacances. Deux remarques avant d’aller plus loin… La date de la première édition anglaise est 1996 et nous sommes en 2015, on peut trouver étonnant je crois que les éditeurs français spécialistes du genre aient laissé dormir un tel bijou pendant près de vingt ans. La deuxième est un conseil aux jurys des divers prix décernés en matière de SF et de fantastique : ne laissez pas passer la chance de couronner l’excellente traduction de Patrick Marcel proposée ici.
Il s’agit d’un recueil de douze nouvelles qui dessinent un portrait-histoire de Northampton, petite ville du centre de l’Angleterre au travers des âges… Pour n’avoir pas suivi le conseil du préfacier Neil Gaiman dont on ne saurait nier le talent, je vous recommande fort vivement à mon tour de ne pas commencer votre lecture par le premier texte. Commencez où vous voulez sauf au début, gardez : « Le cochon de Hob » pour la fin lorsque les lieux, la langue de l’auteur – d’une rare richesse – et les personnages récurrents vous seront familiers. Le choix d’une langue à la façon de « La guerre du Feu » rend en effet la lecture difficile. Pourtant une fois que l’on en a saisi le mécanisme c’est assez facile – mais il ne faut ni perdre le fil ni s’abandonner ou encore être importuné… Gardez la lecture pour les moments de sieste solitaire où vous goûterez fraicheur et intelligence. L’intelligence de l’écriture qui dans « Les champs de crémation » par exemple distille les informations sans jamais les souligner pour nous permettre de comprendre – un peu comme dans « Meurtre dans jardin anglais » de Peter Greenaway – sans dire. Ou celle qui consiste à trouver un langage particulier pour chaque personnage. Comparez simplement le début de « Les saints de Novembre » et celui de « J’ai toujours des jarretelles, en voyage » chacun des deux personnages a son « accent », sa tonalité et pourtant l’écriture garde la même subtilité.
Attention, quand vous entrez dans un texte, il est difficile d’en sortir avant la fin. Donc choisissez bien vos moments et vos temps de lecture…
Un livre à se procurer en deux exemplaires, un pour soi à conserver et un autre à prêter à ceux de vos amis que vous en estimez dignes…
Bonnes lectures.
La voix du feu
Auteur : Alan Moore
Editeur : ActuSF
Collection : Hélios
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