DVD La femme du Gange

DVD La femme du Gange

J’espère que vous avez remarqué que l’on célébrait aussi cette année le centenaire de la naissance de Marguerite Duras. L’Institut National de l’Audiovisuel, en collaboration avec le journal Le Monde, édite à cette occasion trois DVD. J’aurais pu traiter les trois films en une seule chronique mais j’ai le sentiment qu’il faut insister sur cette auteure qui a touché à presque tout et au moins avec la littérature, au théâtre et au cinéma.

Regardez bien la photo qui illustre la jaquette de couverture, son traitement et son contenu sont une mine d’informations. La première à remarquer se trouve dans l’entrecroisement des rectangles et concerne à la fois les personnages et le format du film. Il s’agit d’un film de télévision. L’ORTF (l’Office de Radio Télédiffusion Française) possédant un service de la recherche produisait des films « expérimentaux » (en 1974, littérairement parlant, Duras était reconnue). L’image du film est au format carré ce qui laisse sur l’écran deux bandes noires verticales en plus des horizontales qui donnent un relief important à l’image et semblent parfois jouer avec. Et, comme on peut le constater, les deux personnages (Catherine Sellers et Gérard Depardieu, jeune) tout en étant ensemble sont séparés par le fait qu’ils appartiennent à deux rectangles différents. Leur solitude est accentuée par ce qu’ils n’occupent qu’une petite partie de leur rectangle. On notera aussi que la ligne de partage entre l’eau et le sable est au milieu de l’image. J’ose vous recommander de regarder ce film comme un objet de curiosité, comme un sujet de recherche – c’est ce qu’il est. Duras cherche à dire l’humain. Il est donc normal, qu’après avoir écrit, elle filme (on se souviendra qu’elle a travaillé avec Alain Resnais – Hiroshima, mon amour) et que, comme elle a joué avec les mots, elle joue avec les images et le son. Le film s’écoute et se regarde jusqu’au moment où l’on perçoit le décalage entre image et mots, à partir de là chaque spectateur prend le film en charge en privilégiant son rapport à l’image ou aux sons. Peut-être aurez-vous alors l’impression de partager l’errance des personnages dans cette ville de bord de mer – vide parce qu’hors saison – en hiver. Des personnages qui errent à la recherche d’eux-mêmes, des fantômes-souvenirs errants à la recherche d’une mémoire, comme notre premier obstacle était simplement en nous. On pourra reconnaître quelques références à Jean Cocteau, à « L’année dernière à Marienbad », au « Roman photo » et à Charles Baudelaire dans la fin du film dépourvue du mot « FIN » remplacé par un fondu au noir et accentué par le bruit des vagues et des mouettes…

DVD La femme du Gange
Auteur : Marguerite Duras
Editeur : INA

www.institut-national-audiovisuel.fr

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