Ne vous préoccupez pas tout de suite de l’illustration de couverture, contentez-vous, avant de lire, de penser que si elle est là c’est parce que quelqu’un a estimé qu’elle est à sa place. Si j’ai bien lu, je crois pour ma part qu’elle rend bien compte d’une certaine façon du contenu.
On commencera par la préface qui justifie l’entreprise. Et je vous avouerai que si je reconnais l’absolue nécessité d’un tel ouvrage, j’en regrette la ‘forme’, et ici d’autant plus que c’est bien écrit. Cela me rappelle les très belles photos de Sebastiao Salgado montrant la misère ou la déforestation. Ce livre présente huit témoignages de personnes ayant subi des agressions sexuelles. Témoignages enregistrés puis retranscrits et « écrits ». Et les récits sont directement et indirectement commentés par la rédactrice. On supposera que cela est fait en accord avec les témoins. Et nous sommes doublement confrontés : au témoignage d’abord – nécessité de lire au compte-gouttes – dans sa violence, accentuée à mes yeux par le vocabulaire utilisé par l’autrice, puis à nous-même à cause de notre sidération et de notre impuissance. Avec dans un premier raisonnement paresseux la satisfaction de ne pas nous sentir concerné (ni victime, ni bourreau) juste avant de s’interroger sur ce qui peut pousser un humain à un tel comportement destructeur. Juste avant de se demander avec quelles attitudes, quels mots, quels récits tenter d’alléger la souffrance des victimes, si cela est possible. Et c’est là je crois que l’on comprend deux choses. Il faut que nous ayons connaissance de ces souffrances et les récits qui les disent se doivent d’être lisibles pour qu’ils s’ancrent dans nos pensées pour que nos réactions cessent d’être instinctives et trop dans l’émotion.
A mon sens un livre juste qui pose question sans la moindre agressivité et devrait figurer dans tous les lieux fréquentés par les jeunes lecteurs en apprentissage de la vie.
Ces gens-là
Auteure : Béatrice Riand
Editeur : Slatkine
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