La photo qui illustre la jaquette de ce roman date de 2008 et on ne peut lui trouver de rides. Je vous demanderai de remarquer la subtilité du titre. En effet ces « brèves » concernent plusieurs personnes mais une seule solitude. Celle d’aujourd’hui qui met en évidence un fait particulier : on n’est parfois jamais aussi seul qu’au milieu des autres.
Joséphine est seule, repliée sur elle-même, confite dans un rejet des autres. Guillaume est seul, prisonnier d’un rôle qui le fait écrivain et donc différent. Magali est seule avec sa maladie et loin de sa fille très croyante. Anaïs est seule avec son désir de penser et son sens des odeurs. Xavier est seul avec sa solitude de prof qui s’en veut. Stella est seule dans son exil au service des personnes seules. Serge est seul avec sa mère qui s’éteint sans souvenirs ou presque. Émile n’a été seul qu’un instant, le temps de perdre son ballon dans un fourré… Ce qui les lie c’est qu’ils sont dans le même parc un court moment et en présence d’un SDF. Ces présentations occupent la première partie du roman. Dans la deuxième, Sylvie Germain explique l’origine des solitudes et les corrige par des attentions aux autres et des autres. La fille de Magali qui n’avait jusque-là eu que des garçons accouche enfin d’une fille à qui elle donne comme second prénom celui de sa mère… Xavier trouve auprès de ses jeunes voisins une sorte de rédemption. Émile ne se prénomme ainsi que par la grâce de Joséphine, son vrai prénom est Émir…
J’ai l’impression de vous entendre râler un peu sous prétexte que ce n’est qu’une suite mélodramatique de portraits banals… peut-être ! Mais l’écriture de Sylvie Germain les rend uniques et au-delà du mélo, parce que non seulement elle ne « juge » pas comme nous avons tendance à le faire mais s’aventure à justifier avec finesse. On les comprend « ces gens »… et ils nous aident je crois à mieux prendre conscience de nous-mêmes.
À lire dans les transports en commun pour faire tache d’huile.
Brèves de solitude
Auteure : Sylvie Germain
Editeur : Albin Michel
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