C’est à Pekin, en 1601, que débute cette histoire illustrée. A cette époque, peu d’Occidentaux avaient eu l’opportunité de s’approcher des enceintes de la Cité interdite. Derrière les hauts murs de briques, vivait l’Empereur entouré de sa famille, de ses concubines, de la cour ainsi que de la caste puissante des eunuques, qui bénéficiaient de nombreux privilèges et de certains pouvoirs. L’un d’eux, Ma T’ang, collecteur des taxes de Lintsing a été informé par ses agents qu’un riche étranger est arrivé en ville. Celui-ci serait à la recherche d’un intermédiaire qui lui permettrait de prendre contact avec la Majesté Impériale.
Matteo Ricci est un voyageur italien né à Macerata. Il est entré chez les jésuites à l’âge de 19 ans, avant d’avoir été ordonné prêtre à Cochin en 1580. Depuis presque une vingtaine d’années, le religieux a parcouru la Chine, respectant les coutumes locales tout en approfondissant ses connaissances en mathématique et en astronomie. Ses dons pour la philosophie et l’horlogerie l’ont fait connaître et apprécier des intellectuels et mandarins, croisés sur sa route. Accusé d’avoir distribué des offrandes à un membre de la cour sans en avoir informé le responsable des ambassades étrangères, le vieil homme de foi a été mis en détention au Palais des Barbares, dans l’attente d’une décision le concernant…
Le scénariste est passé par la voix et l’écriture d’Élisabeth Rochat de la Vallée, qui dans sa préface au livre de Vincent Cronin, consacré à Matteo Ricci, a parfaitement résumé l’itinéraire pris pour l’élaboration de cet album. Grâce aux livres complémentaires de Cronin et de Michela Fontana, l’auteur a redécouvert la vie du grand voyageur chrétien, surnommé le « Lettré du lointain Occident », dont il connaissait peu de chose à l’époque. Ce récit est également la découverte d’une civilisation à nulle autre pareille.
Paru en bande-dessinée (2022), Matteo Ricci dans la Cité interdite relate les aventures de l’homme d’église et ses nombreuses rencontres, aussi surprenantes les unes que les autres. Dans cet album de 54 pages, les auteurs nous présentent le parcours de ce religieux et les difficultés qu’il a rencontrées durant sa mission asiatique. Sa vocation est d’aller d’un lieu à un autre avec ses deux compagnons tout en vivant et partageant sa foi.
L’auteur de cet histoire, Jean Dufaux est un scénariste belge de BD, né le 7 juin 1949 à Ninove. Il est le créateur de séries célèbres comme Jessica Blandy, Giacomo C., Djinn, La Complainte des landes perdues et Murena. Le scénariste a suivi des cours auprès de l’Institut des arts de diffusion à Bruxelles puis s’est engagé comme journaliste pour Ciné-Presse et a rédigé des nouvelles et des pièces de théâtre. Ses premiers travaux de bande dessinée ont été publiés chez Tintin Magazine. En 1983, il a coscénarisé la série Brelan de dames puis sont parus deux volumes de Melly Brown (1985 et 1987) ainsi que Lucius, le sourire de la murène. En parallèle il a créé La Toile et la dague pour Dargaud Bénélux, dont trois albums sont sortis entre 1986 et 1989. Jean a également entrepris la série Jessica Blandy, qui compte 24 tomes ainsi qu’un hors-série. Le passionné de cinéma, a ensuite écrit Béatifica Blues (1986) puis Giacomo C. En 1991, il a publié le premier volume de sa série consacrée aux écrivains : Sade, Pasolini, Balzac, Hemingway et Hammet. Devenu l’un des rares scénaristes à pouvoir mettre en scène des univers variés tout en garantissant au lecteur une écriture originale et reconnaissable, les éditeurs sont à présent demandeurs du style Dufaux. Le scénariste veut désormais être moins prolifique pour pouvoir polir au mieux les nouvelles pièces de son puzzle.
Cette nouvelle BD joliment illustrée fait la part belle aux confidences tout en laissant un peu de suspense. Assez porté sur la religion, le texte décrit les différents groupes ethniques et religieux, l’ambiance dans la Cité interdite et les us et coutumes chinoises de l’époque. De nombreux thèmes sont abordés dans cette BD instructive et un grand nombre de références historiques sont disséminés dans le scénario. Les textes sont simples mais de qualité et les dessins de Martin Jamar, d’une précision remarquable.
Scénario : Jean Dufaux
Dessin et couleurs : Martin Jamar
Editions Dargaud Benelux / Fidélité Éditions jésuites.
http://www.dargaud.com
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